J’ai lu « Le Consentement » de Vanessa Springora

J’ai lu d’une traite le livre #Consentement de Vanessa Springora. Un livre superbement écrit qu’il faut lire. J’ai hésité à le lire, par peur de tomber sur des détails sordides. Mais ce livre heureusement, n’est pas que ça.

Ce livre fait réfléchir sur les fruits nauséabonds de la libération sexuelle qui ont pu entraîner sans coup férir certains dans un relativisme sournois. Mettant sur le même plan l’oppression à l’encontre des homosexuels que celle envers des pedocriminels. Qui soutenait le libertinage et moquait l’Amour fidèle.

Une époque où l’ordre moral était le grand méchant loup et pour qui un pedophile avec une certaine aura et un incontestable talent -sur la forme – était requalifié en amoureux transi …

Une époque où un certain milieu était consentant avec la pedophilie de l’un de ces membres. Lâchée dans ce milieu, une adolescente de 13 ans est la proie d’un prédateur.

Alors oui avant d’être victime du consentement d’un certain milieu, elle a été la victime d’un homme dont elle croyait avec la naïveté de sa jeunesse qu’il pourrait lui apporter l’amour dont elle a été privée…

Selon divers besoins, il est une science.
D’étendre les liens de notre conscience.
Et de rectifier le mal de l’action
Avec la pureté de notre intention.
De ces secrets, madame, on saura vous instruire ;
Vous n’avez seulement qu’à vous laisser conduire.
Vous n’avez seulement qu’à vous laisser conduire.
Contentez mon désir, et n’ayez point d’effroi ;
Je vous réponds de tout, et prends le mal sur moi.
Tartuffe

Alors oui il faut dénoncer les dérives de cette époque bien trop consentante. Vanessa Springora le fait avec intelligence et brio. Comme ici :

C’est que, dans les années soixante-dix, au nom de la libération des mœurs et de la révolution sexuelle, on se doit de défendre la libre jouissance de tous les corps. Empêcher la sexualité juvénile relève donc de l’oppression sociale et cloi- sonner la sexualité entre indivi- dus de même classe d’âge constituerait une forme de ségrégation. l’emprisonnement des désirs, contre toutes les répressions, tels sont les mots d’ordre de Lutter contre cette période, sans que per- sonne y voie à redire, sinon les culs-bénits et quelques tribunaux réactionnaires.

Il faut aussi avoir un regard ajusté sur notre époque qui en avril 2019, n’était pas tendre avec Benoit 16 qui disait rigoureusement la même chose. Mais c’était Benoit XVI … et de fait l’Eglise a aussi dû faire son examen de conscience et prendre des mesures. Et il était temps …

«Ce qui me fait peur ce n’est pas la méchanceté des méchants mais le silence des justes.»

Évidemment, il ne faut pas attribuer à l’époque de la libération sexuelle la paternité de tous les maux. Je ne le ferais pas car je n’ai pas connu cette période. Il y a eu le pire et le meilleur en même temps. Je constate simplement que cette époque a des répercussions sur la nôtre.

Il est à espérer que sans tomber dans la chasse à l’homme ou à la femme, nous sachions pointez du doigt ce qui dans notre époque flétrit les plus vulnérables, ceux qui n’ont pas voix aux chapitre …

« Sortir », un livre à plusieurs entrées !

Nous sommes en 2019 après Jésus-Christ, les catholiques sont envahis par une crainte légitime de disparition. La crise gravissime et systémique que traverse l’Église, et les révélations en cascades de cas d’abus commis par des clercs ont sérieusement entamé leur moral. Face à ce constat, pour le moins accablant, beaucoup de catholiques estiment que c’est foutu. Tous ? Non !

La journaliste, écrivain Natalia Trouiller publie le livre Sortir, manifeste à l’usage des derniers premiers chrétiens (Éd. Première Partie) qui rappelle que chaque génération chrétienne a dû affronter les mêmes problèmes et les a surmontés.

Le livre s’ouvre sur un diagnostic clinique. Le gnosticisme – hérésie qui prétend que la connaissance sauve aux dépens de la grâce – a fait de l’entrisme chez de nombreux catholiques. L’intelligence et l’âme sont glorifiées. Le corps haï. Exit, la juste cohabitation entre les trois dimensions de la personne humaine. Le dernier n’étant qu’un corset qui étouffe les deux derniers. Natalia Trouiller propose de remettre le corps au cœur de l’Église. Ce livre n’est donc pas qu’un constat mais un abécédaire à plusieurs entrées.

On est loin d’un livre blanc destiné à 5 agrégés de théologie morale pour que l’Église redevienne l’Église. On est loin d’une lettre ouverte aux évêques pour faire le ménage. Il s’agit d’un plaidoyer pour que l’Église se ré-incarne. Comment ? En faisant des paroisses, le nerf de la guerre. Pas la paroisse cool et branchée avec un père ultra charismatique, mais la paroisse locale. Les propositions sont concrètes et diverses. De la plus prioritaire : ouvrir des funérariums dans les paroisses, à la plus originale : une ONG chrétienne chargée de nettoyer des historiques de chacun qui le demande pour ne plus être brocardé par les sacro-saints social justice warrior pour une bêtise qui appartient au passé.
Pourquoi les paroisses ? « C’est le dernier endroit où l’on peut être frère avec des connards », assure Natalia Trouiller. C’est aussi et surtout le lieu du lien, où l’on peut assurer l’évangile à son prochain.

Le livre est bourré d’humour, de références. Le ton est cash mais ce qu’on peut espérer est que chacun pourra piocher dans les actions proposées, celle qui lui correspond le mieux pour donner du corps à ce livre. Ne pas le faire serait profondément … gnostique.

Louis-Marie Picard

Natalia Trouiller « Sortir ! Manifeste à l’usage des premiers chrétiens »  (Première Partir) 17€.

Jacques Brel, un ami de haut vol …

Qui n’a jamais voulu rencontrer Jacques Brel ? Facile me direz-vous, il suffit de s’interrompre un instant et laisser ses mots et mélodies vous envahir. Il vous y parlera de Madeleine qui ne viendra pas, de perles de pluies venues d’un pays où il ne pleut pas. Sans doute après il devisera sur les bourgeois qu’il comparera aux cochons ou sur les bonbons qui sont tellement bons. Mais pour comprendre sa quête, il faut prendre de la hauteur et être prêt à voyager. Un ouvrage paru cette année Voir un ami voler (Plon) co-écrit par Jean Liardon et Arnaud Bédat nous fait rentrer dans l’intimité du cockpit du Jojo. Le livre revient sur les dix dernières années de sa vie. Rencontre avec les deux auteurs de ce livre. Deux amis que Brel a réuni.

« Brel disait toujours qu’il faut faire les choses de manières professionnelles sans être un professionnel », glisse Jean Liardon. L’instructeur de l’école Les Ailes à Genève où Jacques Brel a accompli sa formation de pilote au prix d’heures de cours méthodiquement assimilés. En arrivant, il a déjà 500 heures de vol au compteur mais très vite il comprend que voler à vue, ne lui permettra pas d’atteindre son inaccessible étoile. Il lui faut donc être sérieux. Il le sera « dans la chanson, l’aviation, la navigation, et la confection de son dernier album », énumère Arnaud Bédat. « Mais il était aussi un grand déconneur, un espèce de personnage fantastique et drolatique sorti d’un conte de Michel de Ghelderode ».

Étoile de la chanson, il l’est déjà mais depuis deux ans, pour Brel la scène c’est fini. Ses adieux à l’Olympia après « 15 années d’amour » disait-il au moment de quitter la scène marque le premier jour du reste de sa vie. La vie qu’il a toujours voulu mener.

Jean Liardon évoque ses souvenirs avec la précision d’horloger suisse. Logique pour ce citoyen de la ville de Calvin, né Vaudois à Lausanne en 1942. Son amitié pour Brel est perceptible sur son visage.

L’aventure c’est l’aventure.

« Jacques Brel était un ouragan » dixit son accordéoniste Jean Corti qui l’imageait ainsi. Un ouragan qui sait néanmoins se contenir et se concentrer pour faire souffler ses vents de liberté.

Mais alors, comment vit-il les instants avant de s’envoler, lui dont on disait que le trac d’avant scène le faisait vomir ? « C’est pas la même chose, explique Jean Liardon, sur scène vous faites face à 800 personnes. Son trac était de ne pas être à la hauteur, de décevoir. Le public peut-être agressif. Dans un avion, il n’avait pas de public. Il avait une grande concentration… L’inconnu du public était pour lui plus stressante que l’inconnu d’un vol. » L’élève en pilotage se montre très studieux et progresse vite à tel point qu’il passe un échelon en pilotant un Learjet. Mais il n’est pas là pour enfiler des perles -de pluies- car un grand projet, un grand rêve se dessine dans son esprit. Aller en Guadeloupe avec Jojo. Pour Jojo. Le fidèle Jojo. Georges Pasquier de son vrai nom était le secretaire et homme à tout faire de l’artiste. Malade d’un cancer, il voulait qu’avant que son très cher ami soit six pieds sous terre, il puisse entrevoir un bout de paradis depuis le ciel. S’en suit un périple homérique à plusieurs escales : l’Écosse, l’Islande, le Groenland, le Canada, les USA, les Bahamas et la Guadeloupe. Le voyage fut dur mais Jojo était content. Contrat rempli.

L’amitié comme unique horizon

On imagine l’artiste comme un être solitaire qui a besoin de vivre dans sa grotte pour trouver une hypothétique inspiration. Brel, c’est tout le contraire, l’amitié a guidé sa vie. « Jacques était la générosité même », précise Arnaud Bédat, il a payé les cours à l’école Les Ailes de Genève, à quelques-uns de ses camarades de volée, des élèves qui n’avaient pas les moyens ou qui échouaient à leurs examens. » Jean Liardon abonde dans le sens de son co-auteur : « Avec lui impossible de sortir son porte-monnaie ».

Son extrême générosité se vérifie aux antipodes et y laissera une trace indélébile aux Marquises où il s’installe avec Maddly, le dernier amour de sa vie.

« Les enfants du village avaient accès à sa piscine, il leur préparait même souvent une collation», s’enthousiasme Arnaud Bédat. Sur place il fera des voyages sanitaires. Brel en belgian doctor ? « Certains biographes ont peu forcé le trait, mais c’est vrai qu’il aimait faire plaisir », nuance Arnaud Bédat.

Alors bien sûr, l’homme avait ses failles. Il se savait père absent pour ses enfants. « Les filles de Brel ne paraissent pas l’avoir vraiment  compris de son vivant. Alors qu’il propose un voyage en Afrique avec elles, elles lui arguent qu’elles ne veulent pas partir en Afrique dans un jet de millionnaire … » raconte Arnaud Bédat, « il en a été très abattu ».  La beauté de l’homme est souvent dans ses contradictions.

« Une présence réelle »

Et puis vient le dernier voyage, celui que Jacques Brel avec courage a tout fait pour retarder et qui l’obsédait : la mort. C’est Jean Liardon qui l’accompagne, en passager dans l’avion qui le conduit de Genève jusqu’au Bourget, puis direction Bobigny en ambulance où le poète poussera son dernier soupir. Quelques jours après sa mort, Brel fera un ultime cadeau à son ami Jean. Un cadeau surnaturel pour son ami si cartésien. « Le lendemain de sa mort, Jacques m’apparaît. Il y a cette visite, cette rencontre, cette présence réelle qui est complètement incompréhensible pour moi. Il me dit : Je serai toujours là pour toi… » Ultime pied de nez venant de celui qui ne croyait pas en l’au-delà. Mais quand on a que l’amour …

En atterrissant de ce voyage, il en ressort que le don fait au lecteur n’est pas tant le récit d’une amitié mais la volonté de faire de Jacques Brel notre ami. Un ami qui aimait voler … sérieusement.

Hollande se livre …

Écoutez 

François Hollande est de retour avec un ouvrage de 400 pages pour développer « Les leçons du pouvoir ». Un livre de plus ou un livre de trop ?

Depuis 2012 dans les librairies a côté des rayons foi et superstition ; cuisine et régime ; bien-être et poney il y a un gros rayon consacré à François Hollande.
On ne compte plus le nombre pléthorique de livres sur son mandat. Il y a eu ceux auxquels il a contribué à raison d’une heure d’entretien par mois Un président ne devrait pas dire ça et Conversations Privées Avec Le Président ceux dont il est le personnage central Merci pour ce moment. Depuis peu ses anciens conseillers ont chacun à leur tours publié un journal sur la vie au pouvoir La politique est un sport de combat ! Hier, l’ancien président y est allé de son bouquin avec « Les leçons du pouvoir ». L’occasion d’évoquer sa politique et son héritage qu’à la différence de Johnny Hallyday personne ne réclame.

 « Il est irrationnel de ne pas tenir compte de l’irrationalité »

Sur la déchéance de nationalité, il écrit cette phrase révélatrice :

« Aussi solides soient-ils, mes argument deviennent plus inaudibles chaque jour. En politique, je le sais au fond de moi, il est irrationnel de ne pas tenir compte de l’irrationalité. »

Ce qui frappe tout au long du livre, c’est qu’on ne sait plus vraiment si c’est le produit du travail d’un journaliste ou le récit de son action. Un mélange des genres où c’est le premier qui prédomine.

L’impression d’un chef d’orchestre sans baguette, d’un ventilateur sans air. Et puis les leçons du pouvoir sont adressées directement à … Emmanuel Macron.

Son interview dans le 20h d’Anne-Sophie Lapix a beaucoup fait parler.
Interrogé s’il aurait pu battre Emmanuel Macron il a déclaré ceci :

Il ne l’a pas voulu. Les français non plus. Finalement on en vient à cette conclusion implacable : si il n’y avait pas eu Les ambitions d’Emmanuel Macron, l’affaire Leonarda, la déchéance de nationalité, les photos dans Closer, l’affaire Cahuzac, le livre de Valérie Trierweiler et j’en passe, ce quinquennat eut été parfait mais avec des « Si » …

Les nouveaux mots du dico

 

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La langue française fait l’actualité

Chaque année nous y avons le droit, les nouveaux mots du Robert. Et cette année ils sont au nombre de 150 à venir orner le dictionnaire. Permettez-moi une petite digression, en rappelant que normalement un dictionnaire comprend un mot et une définition mais depuis 48h le président américain Donald Trump tient en haleine la planète entière avec un mot orphelin de sa définition « Covfefe » qu’il a écrit dans un tweet. Ils sont venus ils sont tous là et même du sud de l’Italie, avec le mot ciabatta qui est sorti de son pétrin pour faire son entrée dans le dico ; le cromesqui venu de Pologne, ou encore le terme uberisation qui vient imprimer sa marque ! Notons enfin que dans la catégorie nom propre, Véronique Sanson a fait une entrée fracassante dans Robert. Pardon. Dans LE Rober.

Le dictionnaire doit coller à l’air du temps

 C’est son but affiché. Mais de mon point de vue, à l’heure où les petits Français lisent et écrivent comme des vaches espagnoles, alors que la mafia des locutions comme « ils croivent », « des fois », « malgré que » etc … envahissent les récréations, force est de constater que les nouveaux mots qui enrichissent notre dictionnaire annuellement ne fait pas beaucoup avancer le niveau de français chez … les français. En réalité, pour que le dictionnaire soit dans l’air du temps, il devrait contenir des fautes d’orthographe.

La langue française demeure une langue difficile d’accès ?

C’est une évidence. L’accord du participe passé avec le verbe avoir a du sang sur les mains. Pour la petite histoire, Voltaire disait :

« Clément Marot a ramené deux choses d’Italie : la vérole et l’accord du participe passé… Je pense que c’est le deuxième qui a fait le plus de ravages ! « 

Alors oui la langue française est compliquée, mais c’est de notre responsabilité dans un premier temps de la chérir, de l’embellir, de la communiquer en France et à l’étranger pour enfin la faire aimer. Je l’écris avec humilité parce que j’ai encore des efforts à faire, mais comme le dit le génial magicien Bebel :

« Quand l’effort est fait, l’effet est fort ».

Enfin dans un deuxième temps nous pourrons y ajouter des mots venus de l’étranger ou pourquoi pas mélanger deux mots déjà existants et ce serait degueulicieux. Ce mot n’existe pas encore, mais qui sait peut-être qu’un jour il aura sa définition, et remplacera le mot djihadisme qui a fait son entrée dans le dictionnaire en 2017 et malheureusement pas uniquement dans le dictionnaire.

L’oxymore : le 10e art

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Commençons par une … figure de style ?
Nouveau président, nouveau quinquennat, nouveau premier ministre, nouveau gouvernement, nouvelle figure de style.
Vous avez aimé l’anaphore « Moi president  » ? Vous allez adorer l’oxymore à la sauce normande, que l’on doit au nouveau premier ministre Edouard Philippe. Ce dernier lors de la passation de pouvoir à Matignon a déclaré être, en bon normand, radicalement modéré mais avec un esprit de conquête. Radicalement modéré.
Dans un pays comme la France qui est si clivé il faut savoir ajouter dans son discours, et avec parcimonie, des oxymores. L’anaphore interminable de François Hollande « Moi président » avait pour but de convaincre mais son quinquennat a servi à ses adversaires de contredire toutes les itérations de son anaphore. En revanche, l’oxymore d’Edouard Philippe a pour vocation de rassurer sur la conception de l’exercice du pouvoir. C’est même une mise en abîme.
C’est une astuce redoutable cet oxymore ?
Le tout, est de trouver son oxymore. Par exemple Jean-Luc Mélenchon n’est pas vraiment dans la radicale modération, mais il n’est pas pour autant dans l’insoumission domicile, ni dans la fureur douce. Le FN, LR et PS de trouvent plus dans une berezina de conquête.
C’est une astuce redoutablement efficace quand elle est utilisée intelligemment. Étant d’une radicale modération, Edouard Philippe pourra tantôt être radicale et tantôt être modéré. Habile Bill ! Après la modération radicale on pourrait croire à première vue que c’est de la tiédeur mais il sera intéressant de voir comment va t’elle s’appliquer dans ce gouvernement.
Alors ce gouvernement va t’il réussir à être radicalement modéré ?
Cela peut avoir tout l’air d’être une gageure mais en cherchant bien, il est envisageable d’imaginer que Agnès Buzyn, la nouvelle ministre de la santé, propose à ses concitoyens de consommer de l’alcool avec une radicale modération. En revanche si la guêpe Laura Flessel, ministre des sports, veut convaincre le CIO de donner les jeux à Paris, elle devra laisser au vestiaire la radicale modération. Si Gérard Collomb, le nouveau ministre de l’intérieur veut mettre fin aux agissements des jeunes qui se radicalisent sans modération le combat ne pourra pas être modéré mais sans merci. Si Jean-Michel Blanquer, le nouveau ministre de l’éducation veut mettre fin au décrochage scolaire il devra laisser à la récréé la radicale modération. Ainsi va pour tous les autres ministres. J’en arrête là avec les oxymores et les anaphores, j’espère que ce gouvernement ne sera pas dans la figure de style mais dans l’action mais dans une action où les résultats seront radicalement immodérés, et ne leur en voudra pas de tendre vers l’hyperbole !

La culture, le bonnet d’âne de la démocratie

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17 jours nous séparent du premier tour et pourtant il y a un sujet qui n’est presque jamais évoqué dans cette campagne : la culture.
Mardi soir, j’ai regardé très attentivement le grand débat sur BFMTV et CNews avec les 11 candidats et les sujets abordés étaient pêle-mêle : l’emploi, l’Europe mais un sujet à fait faux bond, à l’instar de la cravate de Philippe Poutou : la culture.
La culture c’est un peu comme la tombe du soldat inconnu sur la place, ou plutôt sous la place de l’Étoile. Elle est au centre, mais on tourne autour. On la regarde distraitement mais le plus souvent on passe à côté. Elle est honorée qu’une fois dans l’année… le 32 février. Dans le débat politique il y a des sujets tabous, des sujets abscons et aussi des sujets absents et la culture en est l’illustration parfaite. Les candidats ont des choses à dire sur ce sujet mais pour en parler ils affirment des phrases toutes faites d’une grande banalité qui paraissent alléchantes au premier abord comme : « démocratiser la culture », « faire de la culture notre socle commun », « ouvrir la culture au plus grand nombre » et j’en passe. Des phrases différentes pour dire la même chose, c’est à dire pas grand chose.
D’où vient cette absence de la culture dans le débat ?
Peut-être parce que justement la culture n’a pas pour vocation première de cliver. Le clivage permet de se démarquer et donc d’exister dans une campagne. Pourtant la culture fait débat.
Est-ce qu’Asselineau peut nous sortir un article de la Constitution Européenne pour nous parler de culture ?
Macron doit il des droits d’auteur à Hollande ? François Hollande étant le président qui aura le plus fait pour l’industrie du livre à force de se livrer lui-même aux journalistes.
On associe parfois un peu trop rapidement la culture à l’éducation. Certes l’éducation permet d’obtenir un certain niveau de culture générale comme de savoir que Picasso n’est pas qu’un modèle de voiture.
Et puis la vraie raison, c’est que le débat est très souvent orienté autour du quotidien, du pouvoir d’achat, et de la sécurité et inexorablement la culture devient un sujet secondaire pour les candidats.
Est-ce que finalement, la culture n’est pas un sujet secondaire ?
Si la culture était secondaire il n’y aurait pas 67 millions de touristes en France tous les ans.
Si la culture était secondaire, Daech n’aurait pas détruit la ville de Palmyre.
Si la culture était secondaire, les nazis n’auraient pas brûlé autant de tableaux de grands maîtres jugés par eux comme de la sous-culture. Je ne vais pas continuer plus loin l’anaphore mais c’est dire que la culture dérange les esprits les plus fermés.
Lionel Jospin disait à très juste titre que la culture est l’âme de la démocratie. J’espère que d’ici là, la démocratie va retrouver son âme.

Critique – Le bal des dézingueurs 




« La presse est un miroir dans lequel tous les politiques aiment se trouver beaux. » 
Ah les livres politiques … Chaque semaine un nouveau livre s’entasse sur la pile déjà bien haute de nos librairie. De l’ex-ministre règlant ses comptes à OK Corral, du journaliste qui raconte les dessous du pouvoir ou encore de l’éditorialiste racontant non sans-gêne la dureté pour ne pas dire la cruauté de la classe politique française. Tout y est !

Oui les journalistes et les politiques déjeunent ensemble. C’est un secret de polichinelle. Ce qui se dit en revanche dans ces déjeuners est pas tout à fait connu du grand public. Pourtant, pour savoir ce qu’un politique a dans les tripes il faut parfois qu’il passe à table. Un peu comme un suspect lors d’une garde à vue.  Alors, l’homme politique reçoit les journalistes et au cours de ces déjeuners … le petit carnet n’est jamais très loin. Dans ce livre de Alba Ventura et de Laurent Bazin, on n’en apprend beaucoup sur la classe politique et sur le microcosme (expression que l’on doit à Raymond Barre) et d’une certaine façon c’est très rafraîchissant. On passe de la politique du slogan à la vérité même du politique. Ames sensibles s’abstenir ! La politique n’est pas le monde des Bisounours. Elle est cruelle, dure, impitoyable, mais jamais au grand jamais elle ne laisse indifférent. Si un homme politique veux être un homme d’action il doit faire, mais surtout « faire savoir ».

Nous le savons bien, ce qui n’est pas exprimé, s’imprime et le métier de journaliste est d’aller à la chasse aux non-dits, non pas pour le plaisir de manger avec un premier ministre en chute libre dans les sondages, une délicieuse côte de veau et sa julienne de légumes mais bien plus pour informer les citoyens que nous sommes. Nous noterons dans ce livre que les hommes politiques ne sont ni avares de bons mots ni de bon mets. Les deux auteurs aussi sans doutes. Naturellement nous pouvons faire le procès de la petite phrase, mais parfois force est de constater qu’une petite phrase a plus d’impact qu’une pseudo grande réforme. C’est tout le problème de la politique française.

Alors que les français ont une détestation grandissantes pour les politiques et les journalistes, ce livre est un travail d’honnêteté et de transparence. Ce livre est aussi en quelque sorte un révélateur. Nous le savons, ceux qui nous dirigent ont une grande propension à être dans la lumière des caméras et des objectifs et pourtant quand ils s’expriment sur un plateau, dans une matinale, ou dans une tribune ce qui est dit respire la démagogie et parfois sonne creux. Quand vient le dessert, que le micro est officiellement coupé, les journalistes tels des héritiers écoutants les dernières volontés d’un mourant sont à l’affût pour nous faire goûter à nous aussi les miettes de ce repas Off THE record !

Je recommande chaudement ce livre, qui en plus de nous apprendre des choses sur le microcosme, nous apprend que Alain Juppé peux avoir des moments de joie de vivre, que Nicolas Sarkozy n’est plus un grand aficionados des chocolats et enfin que Ségolène Royal, accrochez-vous bien, aurait fait mieux que tout le monde si elle avait été élue présidente de la république.

Critique de D’un fil(s) à l’autre de Elisabeth Bourgois

d'un fils à l'autre

1772 – 1805
De l’atelier d’un tailleur du faubourg Saint-Antoine à Paris aux ateliers de tissage du Nord, des ravages de la guerre sur le sol de France au calme de la campagne anglaise, Elisabeth Bourgois nous entraîne dans une saga familiale en pleine terreur révolutionnaire, où 2 jumeaux, séparés à leur naissance , vont se retrouver au pied de l’échafaud…

Elisabeth Bourgois nous plonge dans une période de notre histoire où s’entrelacent plusieurs révolutions. Tout d’abord, la révolution industrielle qui a mis plus de temps à se dessiner en France mais qui a change le quotidien de milliers d’ouvriers parfois jeunes et le paysage d’une région chère à l’auteur, le Nord.  La révolution française, période de terreur, d’affrontements et de massacres en chaine mais avant tout une période qui a pu voir le jour grace aux idées et à une situation sociale parasitée par des privilèges de certains.

La première force de ce récit c’est de nous tenir en haleine de bout en bout sans pour autant être cousu de fil blanc. La narration alterne entre description de la révolution industriel, éclaircissements sur l’idéologie des Lumières et sur les inégalités sociales criantes de l’époque. Oui on peut le dire le fil de cette période a été rouge sang.

La deuxième force de cette saga familiale est l’absence de condescendence sur une époque. Il est tellement facile de faire des comparaisons avec notre époque. De s’offusquer sur le travail des enfants mineurs et sur la condition des femmes. Je rappelle juste que les enfants qui travaillent dans les usines il y en encore en 2013 et des femmes battues aussi.

Elisabeth Bourgois réussi sans nous faire perdre le fil, à faire de nous des acteurs de notre hisorie, en infiltrant des personnages fictifs dans des évènements historiques comme la fuite de Louis XVI à Varennes le 20 juin 1791.

On pourrait dire beaucoup de choses sur ce roman historique, mais le mieux est surement de le lire et de le dévorer.