Dans les coulisses de « Questions pour un champion »

Ce 1er décembre 2020, comme chaque après-midi depuis 33 ans, Questions pour un Champion était sur France 3. La différence ? Je faisais partie des candidats !

La sélection

Pour participer à Questions pour un champion, un passage obligé : la sélection. Ce qui m’a conduit sur ce plateau ? Un soupçon de curiosité, un goût pour le défi, et aussi de rendre hommage à ma grand-mère maternelle qui regarde maintenant QPUC avec les anges. Mais le chemin vers le buzzer commence par un passage obligé : le formulaire d’inscription

Quelques semaines plus tard, me voilà dans cette grande salle du 15ème arrondissement de Paris muni d’un stylo et d’un sous-main rigide afin de répondre confortablement. En attendant, j’ai jeté un regard circulaire sur les autres candidats. Certains avaient déjà joué et gagné. La sélection s’annonçait relevée… 

On nous appelle à entrer dans la salle d’examen, un souvenir de baccalauréat se rappelle à moi. Interrogation orale : l’examinateur nous a posé une série de questions de culture générale, à laquelle nous répondons sur une feuille. A l’issue de l’exercice, c’est au tour de notre voisin de gauche de corriger notre copie, pendant que l’animateur donne les bonnes réponses. Ceux qui n’ont pas obtenu le score suffisant partent. Nous partîmes cent, mais par le prompt renfort d’un deuxième questionnaire, nous nous vîmes trente en arrivant au port.  À ma grande surprise, me voilà à l’étape suivante. J’étais bien embarqué et heureux que ma mémoire vienne à ma rescousse. Un peu comme Jean Le Cam.

Casting face caméra : nous nous présentons, disons pourquoi nous voulons jouer, quelles sont nos passions. Une fois cet exercice fait, nous pouvons prendre congé des lieux et l’on nous dit qu’on nous recontactera.

J’ai été rappelé quelques mois plus tard. J’étais sélectionné pour participer au jeu ! C’est parti.

Le tournage

Originellement, je devais enregistrer le 30 mars 2020, mais le Covid a mis le monde à l’arrêt, et les jeux TV n’ont pas fait exception. L’émission est tournée dans un immense studio de France Télévision à Saint-Cloud (92) où d’autres jeux sont également tournés comme Slam, Personne n’y avait pensé !, et donc Questions pour un champion.
Mesures de distanciation obligent : nous avions chacun une loge ! En ce qui me concerne, plutôt grande, avec un canapé très confortable. Un écran nous permet de suivre les émissions tournées avant de passer. Six émissions par jour de tournage : un rythme très soutenu, permis par l’équipe qui fait tout pour nous mettre à l’aise et s’adapte aux conditions sanitaires pour nous fournir un accueil chaleureux.  

Mon passage était programmé dans la dernière émission. Pour participer donc au 9512e épisode de Questions pour un champion.

Un petit tour au maquillage, un passage chez le coiffeur, un point stylisme pour décider de la tenue qui correspondra bien au plateau. C’est tout cela une émission de télévision. Un animateur mis dans la lumière par plusieurs techniciens dans l’ombre. Je tiens ici à les remercier pour leur travail et leur grande gentillesse.

Dans l’antichambre…

Je regarde l’émission avant moi. Le candidat va jouer pour la cagnotte. Il a écrasé la concurrence et perd au face à face contre Alain, le premier vainqueur de la cagnotte de l’histoire du jeu en France. On vient me chercher pour que j’aille en plateau. C’est le moment. Impossible de faire machine arrière. Nous descendons un escalier, traversons un immense couloir et arrivons sur le plateau. Un ingénieur du son vient installer les micros, quelques essais et le chef d’édition nous délivre ses ultimes conseils. Entre autres : prenez du plaisir, et osez pour n’avoir aucun regret plus tard.Nous pouvons essayer le fameux buzzer qui confère le droit de pouvoir répondre s’il est déclenché avant les autres candidats, bien évidemment.

Samuel Etienne, « le marathonien du PAF »

Samuel Etienne vient nous saluer brièvement et nous discutons de la partie qui vient de se terminer. Tout de suite, il nous met à l’aise, glisse un petit mot et un encouragement pour chacun.

Nous sommes conduits hors du plateau. Les lumières s’éteignent. Le générique se lance. Alea Jacta Est.

Samuel Etienne m’a interrogé sur ma passion pour la prestidigitation et j’ai été content de parler de l’association Les magiciens du cœur avec laquelle, j’ai pu faire des spectacles de magie il y a quelques années. J’espère pouvoir en refaire, quand les conditions sanitaires le permettront.

Je suis admiratif de son énergie. Sa journée commence aux aurores et chaque matin, il poste une petite vidéo pour souhaiter un bon et lumineux anniversaire aux personnes nées ce jour-là accompagnées d’un petit éphéméride.

Il enchaîne comme anchorman de la matinale de France Info pendant presque 3h de directs et autant de préparation préalablement. Mon expérience de chroniqueur hebdomadaire me pousse au respect face à ce rythme. Puis 6 enregistrements de Questions pour un champion. Pour tenir, son secret c’est le sport. Il a déjà participé à une vingtaine de marathons et des trails.

Place au jeu !

Le jeu n’a pas duré très longtemps pour ce qui me concerne. J’étais face à de redoutables candidats. Ma stratégie était de tenter le tout pour le tout et de répondre le plus vite possible. C’est ce que je fais sur la première question, où je réponds vite et bien. Je ne voulais pas laisser les autres candidats respirer.

Le seul moment où j’étais leader du jeu. (capture d’écran)

Et puis les batailles de buzzer ont commencé, les mains sont devenues un poil plus moites et le trac un peu plus présent. Par exemple, incapable de me rappeler de Mitroglou, l’ancien avent-centre de l’Olympique de Marseille, alors que je suis mordu de foot… ces trois points envolés me coûteront très cher. Je me fais sortir sur une autre question de sport, concernant les couleurs des lignes sur une patinoire de hockey sur glace (qui sont bleues). Un petit cafouillage intervient et la candidate, ancienne championne tire bien son épingle du jeu et attend que je me trompe pour tenter une réponse… exacte. Chance ou savoir, il faut un peu de tout pour gagner et sa victoire est méritée.

Bravo Catherine !

Mon aventure à Questions pour un champion s’arrête donc là. Avec des regrets quand j’ai vu les questionnaires retenus pour le 4 à la suite et des questions sur Bob Marley. C’est le jeu. Un jeu tellement plus facile devant son écran qu’en situation.

Je repars avec une cagnotte de bons souvenirs, une montagne de chocolat et de pâte de fruits offert par un partenaire de l’émission, deux encyclopédies sur les plantes qui guérissent et un smartphone Android. J’espère pouvoir retenter ma chance si l’occasion se présente et ce jour-là ça va buzzer !

Rencontre avec le CM de Louis de Funès

« Mon plus grand désir d’acteur ? C’est de faire des films destinés à faire rire les enfants et les parents à la fois dans ce monde trop triste !»

Ce désir, Louis de Funès né à Courbevoie, trois jours après le déclenchement de la Grande Guerre, l’a plus qu’assouvi.
Toutes les générations, ont ri de son personnage cruel avec les faibles et lâche avec les forts. Disparu en 1983, cet acteur si populaire continue d’exister par les rediffusions de ses plus grands succès à la télévision et aussi sur les réseaux sociaux. Depuis mars 2016, une page Facebook très virale, baptisée Just Louis de Funès propose des montages drolatiques à son million de fans. Son secret : le newsjacking, une manière de rebondir sur l’actualité par des montages incluant des extraits cultes de films avec Louis de Funès et l’actualité. De l’épopée des bleus en 2018 à la composition du gouvernement, ça marche et c’est très viral. Sébastien, l’administrateur de cette page, biologiste moléculaire de formation et admirateur de Louis de Funès s’il en est, a accepté de répondre à mes questions.

Comment est née l’idée et la réalisation de cette page ?
Je passais beaucoup temps sur les réseaux sociaux et j’appréciais énormément ce qui était fait autour de personnages tels que Charlie Chaplin, Albert Einstein et d’autres. Toutes ses personnalités ont pour point commun d’être devenues des archétypes universels. Et Louis de Funès est de cette trempe-là. Mais tout ce que l’on pouvait trouver sur Louis tournait, à mon goût, beaucoup trop autour de l’hommage constant. Ceci est justifié quand il s’agit de Fernandel ou Francis Blanche qui parlent moins aux jeunes générations mais Louis de Funès présente une modernité qui avait besoin d’être dépoussiérée. Comme personne ne le faisait, alors je me suis dit que j’allais le faire moi-même. Et c’est de cette manière que j’ai créé la page en mars 2016.

Combien de temps cela vous prend ? Vous êtes combien ?
Beaucoup de temps car je suis seul à administrer la page. Et par ailleurs, je suis également actif sur Twitter, Instagram et YouTube. C’est une passion donc en fin de compte j’y pense tout le temps.

Votre De Funès préféré ?
Je ne vais pas être très original mais je vais dire La Grande Vadrouille, déjà parce que c’est un chef d’œuvre. Mais aussi car je suis originaire de Beaune, l’un des lieux de tournage du film.

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Quel est votre but avec cette page ?
De continuer à faire vivre Louis de Funès et le faire découvrir à la génération Z. Le comique foudroyant de Louis de Funès matche parfaitement avec notre époque où tout va incroyablement vite.

Comment avez-vous réagi quand vous avez passé le million de fans ?
Le million de fans représente avant tout une quête de légitimité. Autrement dit, cela me renvoie le message que ma manière d’appréhender Louis de Funès est validée par les admirateurs de l’acteur. Donc, en ce sens, c’était extrêmement satisfaisant d’atteindre ce nombre.

Comment vous est venu, l’idée de la vidéo de la coupe du monde ?
C’est le paroxysme de ce que j’ai évoqué précédemment. Ici, l’élément d’actualité est massif : la France qui remporte la coupe du monde de foot 20 ans après son premier titre. Plus concrètement, dès la victoire en quart de finale contre l’Uruguay, j’ai su qu’il fallait que je prépare un montage en cas de victoire finale.

Des projets à venir ?
Concernant Louis de Funès, l’année qui arrive est importante avec l’ouverture du Musée Louis de Funès à Saint-Raphaël le 1 août et les 4 mois consacrés à Louis par la Cinémathèque française à compter du 1er avril 2020. Avec toute cette émulation autour de Louis de Funès, les montages seront plus que jamais au rendez-vous…

Son site internet : justlouisdefunes.fr
Pour en savoir plus sur Louis de Funès, je vous conseille le livre Ne parlez pas trop de moi, les enfants ! (Cherche Midi) par ses enfants Olivier de FUNÈS, Patrick de FUNÈS

Jacques Brel, un ami de haut vol …

Qui n’a jamais voulu rencontrer Jacques Brel ? Facile me direz-vous, il suffit de s’interrompre un instant et laisser ses mots et mélodies vous envahir. Il vous y parlera de Madeleine qui ne viendra pas, de perles de pluies venues d’un pays où il ne pleut pas. Sans doute après il devisera sur les bourgeois qu’il comparera aux cochons ou sur les bonbons qui sont tellement bons. Mais pour comprendre sa quête, il faut prendre de la hauteur et être prêt à voyager. Un ouvrage paru cette année Voir un ami voler (Plon) co-écrit par Jean Liardon et Arnaud Bédat nous fait rentrer dans l’intimité du cockpit du Jojo. Le livre revient sur les dix dernières années de sa vie. Rencontre avec les deux auteurs de ce livre. Deux amis que Brel a réuni.

« Brel disait toujours qu’il faut faire les choses de manières professionnelles sans être un professionnel », glisse Jean Liardon. L’instructeur de l’école Les Ailes à Genève où Jacques Brel a accompli sa formation de pilote au prix d’heures de cours méthodiquement assimilés. En arrivant, il a déjà 500 heures de vol au compteur mais très vite il comprend que voler à vue, ne lui permettra pas d’atteindre son inaccessible étoile. Il lui faut donc être sérieux. Il le sera « dans la chanson, l’aviation, la navigation, et la confection de son dernier album », énumère Arnaud Bédat. « Mais il était aussi un grand déconneur, un espèce de personnage fantastique et drolatique sorti d’un conte de Michel de Ghelderode ».

Étoile de la chanson, il l’est déjà mais depuis deux ans, pour Brel la scène c’est fini. Ses adieux à l’Olympia après « 15 années d’amour » disait-il au moment de quitter la scène marque le premier jour du reste de sa vie. La vie qu’il a toujours voulu mener.

Jean Liardon évoque ses souvenirs avec la précision d’horloger suisse. Logique pour ce citoyen de la ville de Calvin, né Vaudois à Lausanne en 1942. Son amitié pour Brel est perceptible sur son visage.

L’aventure c’est l’aventure.

« Jacques Brel était un ouragan » dixit son accordéoniste Jean Corti qui l’imageait ainsi. Un ouragan qui sait néanmoins se contenir et se concentrer pour faire souffler ses vents de liberté.

Mais alors, comment vit-il les instants avant de s’envoler, lui dont on disait que le trac d’avant scène le faisait vomir ? « C’est pas la même chose, explique Jean Liardon, sur scène vous faites face à 800 personnes. Son trac était de ne pas être à la hauteur, de décevoir. Le public peut-être agressif. Dans un avion, il n’avait pas de public. Il avait une grande concentration… L’inconnu du public était pour lui plus stressante que l’inconnu d’un vol. » L’élève en pilotage se montre très studieux et progresse vite à tel point qu’il passe un échelon en pilotant un Learjet. Mais il n’est pas là pour enfiler des perles -de pluies- car un grand projet, un grand rêve se dessine dans son esprit. Aller en Guadeloupe avec Jojo. Pour Jojo. Le fidèle Jojo. Georges Pasquier de son vrai nom était le secretaire et homme à tout faire de l’artiste. Malade d’un cancer, il voulait qu’avant que son très cher ami soit six pieds sous terre, il puisse entrevoir un bout de paradis depuis le ciel. S’en suit un périple homérique à plusieurs escales : l’Écosse, l’Islande, le Groenland, le Canada, les USA, les Bahamas et la Guadeloupe. Le voyage fut dur mais Jojo était content. Contrat rempli.

L’amitié comme unique horizon

On imagine l’artiste comme un être solitaire qui a besoin de vivre dans sa grotte pour trouver une hypothétique inspiration. Brel, c’est tout le contraire, l’amitié a guidé sa vie. « Jacques était la générosité même », précise Arnaud Bédat, il a payé les cours à l’école Les Ailes de Genève, à quelques-uns de ses camarades de volée, des élèves qui n’avaient pas les moyens ou qui échouaient à leurs examens. » Jean Liardon abonde dans le sens de son co-auteur : « Avec lui impossible de sortir son porte-monnaie ».

Son extrême générosité se vérifie aux antipodes et y laissera une trace indélébile aux Marquises où il s’installe avec Maddly, le dernier amour de sa vie.

« Les enfants du village avaient accès à sa piscine, il leur préparait même souvent une collation», s’enthousiasme Arnaud Bédat. Sur place il fera des voyages sanitaires. Brel en belgian doctor ? « Certains biographes ont peu forcé le trait, mais c’est vrai qu’il aimait faire plaisir », nuance Arnaud Bédat.

Alors bien sûr, l’homme avait ses failles. Il se savait père absent pour ses enfants. « Les filles de Brel ne paraissent pas l’avoir vraiment  compris de son vivant. Alors qu’il propose un voyage en Afrique avec elles, elles lui arguent qu’elles ne veulent pas partir en Afrique dans un jet de millionnaire … » raconte Arnaud Bédat, « il en a été très abattu ».  La beauté de l’homme est souvent dans ses contradictions.

« Une présence réelle »

Et puis vient le dernier voyage, celui que Jacques Brel avec courage a tout fait pour retarder et qui l’obsédait : la mort. C’est Jean Liardon qui l’accompagne, en passager dans l’avion qui le conduit de Genève jusqu’au Bourget, puis direction Bobigny en ambulance où le poète poussera son dernier soupir. Quelques jours après sa mort, Brel fera un ultime cadeau à son ami Jean. Un cadeau surnaturel pour son ami si cartésien. « Le lendemain de sa mort, Jacques m’apparaît. Il y a cette visite, cette rencontre, cette présence réelle qui est complètement incompréhensible pour moi. Il me dit : Je serai toujours là pour toi… » Ultime pied de nez venant de celui qui ne croyait pas en l’au-delà. Mais quand on a que l’amour …

En atterrissant de ce voyage, il en ressort que le don fait au lecteur n’est pas tant le récit d’une amitié mais la volonté de faire de Jacques Brel notre ami. Un ami qui aimait voler … sérieusement.

Le Média m’a tuer

La polémique de la semaine se passe dans l’université de Tolbiac. Vendredi nous apprenions qu’un jeune étudiant serait mort suite à l’évacuation de la fac par la police. Pourtant … il n’y avait pas mort d’homme.

C’est l’histoire d’un polar sans cadavre, d’une scène de crime sans crime, d’un meurtre sans victime. C’est l’histoire de la fiction qui dépasse la réalité. Vendredi dernier, après l’évacuation de la commune libre de Tolbiac (comme l’appelle les zygotos qui l’occupe) un tweet, puis un article dans le webzine écologiste Reporterre, sur la base de trois témoins, rapportait qu’un étudiant aurait chuté en tentant de s’enfuir. Il serait tombé du haut du toit. Des témoins disent avoir vu le corps inerte de l’étudiant dans une mare de sang. Ils affirment aussi que les services de propreté de la Ville de Paris seraient venu en loucedé pour nettoyer la scène de crime.

L’information est très largement reprise …

Dans un premier temps Marianne, Politisreprennent l’information d’un étudiant gravement blessé. Puis surtout Le Média qui publiera le récit d’une jeune étudiante prénommée Leila qui raconte à visage découvert les conditions de ce qu’elle dit avoir vu. Problèmes Agatha Christiens : Quid de l’identité de la victime ? Quid de son état réel puisqu’il est passé de mort à grièvement blessé ? Quid de l’hôpital où il serait hospitalisé puisque l’APHP a démenti une hospitalisation ?

Notons que Leila expliquera qu’elle était une témoin non oculaire pour finir par avouer rapporter ce que « On » lui avait dit. Comment appelle-t-on un crime sans mort, un blessé grave sans plaies, avec des témoins bidons, et aucune preuve ? Une Fake News !

Qu’est ce que cette histoire dit du traitement de l’information ?

Notre rapport à la recherche de la vérité doit être sans concession. Un meurtre commis par un policier est beaucoup trop grave pour être traité sans un recoupement rigoureux. Libération a fait un vrai travail de Fact Checking pour démonter une par une les inventions des communards libres de Tolbiac. Reporterre a aussi reconnu s’être fait berner. À l’heure où la mode est au lynchage des journalistes, s’impose l’impérieuse nécessité de saluer ceux qui font bien leur travail plutôt que de faire confiance à un pseudo Le Média dont la méthode de Gérard Miller consiste à ne pas se laisser impressionner par « les cris d’orfaie des défenseurs de l’exactitude » jugeant important de dénoncer les violences policières quitte à donner la parole à des étudiants mythomanes.

Arnaud Beltrame, ce héros

Écouter  

Vendredi dernier la France a une nouvelle fois était la cible du terrorisme. Comme souvent sur les réseaux sociaux, il y a eu le meilleur et le pire…

 On attribue à Andy Warhol la théorie du quart d’heure de célébrité. Le pop artiste aurait dit en mars 1968 (50 ans jour pour jour) :
« À l’avenir chacun aura le droit à 15 minutes de célébrité mondiale ».
L’attaque terroriste de Trèbes en est la dramatique illustration.
L’itinéraire sanglant du terroriste a commencé à 10h13 et les premiers tweets avec #Trebes ont commencé à déferler vers 11h30 alors que la prise d’otage était en cours. Ce que certains Twittos ignorent c’est que lors d’une prise d’otage, les terroristes font de la veille sur Twitter et analysent comment la situation évolue. Tweeter peut avoir de très très lourdes conséquences.

Chaque information postée sur les réseaux sociaux (comme les photos) se mute en capture d’écran dans les conversations cryptés des djihadistes. Un spécialiste du terrorisme demandait instamment : « ne diffusez pas de photos des lieux ni du dispositif de secours. Ceux qui l’ont déjà fait, sachez que vos œuvres sont déjà sur les canaux jihadistes deTelegram (entre autres). Allumez le cerveau et cessez d’émettre.

Et pendant ce temps dans le Super U de Trèbes, une autre histoire se déroulait.

Alors que les réactions les plus vives excitaient toute la toile. Alors que les experts en expertises expertisaient. Alors que les chaînes d’info en continue meublaient sur les quelques informations (pas toujours vérifiées) concernant le profil du terroriste, un huis clos décisif a fait basculer la prise d’otage.
Arnaud Beltrame, colonel de la gendarmerie nationale est entré dans la grande surface pour faire face au terroriste. Il prend la place de l’otage, lui sauvant la vie en sacrifiant la sienne.
C’est son nom qu’on retiendra. C’est sa vie donnée qui fera plus de bruit que toutes les détonations possibles. Arnaud Beltrame a -par son courage- changé la focale de cette attaque islamiste pour en faire un témoignage saisissant du don de soi et a permis à des millions de téléspectateurs d’entendre Mgr Planet rappeler « qu’une vie donnée ne peut pas être perdue ».

Mais les polémique ne se sont pas tues…

Si comme le dit si bien Boris Cyrulnik « La vie est un champ de batailles où naissent les héros qui meurent pour que l’on vive » les réseaux sociaux sont parfois un champs de ruine où les utilisateurs se prennent pour des héros. Quand la France est touchée dans sa chair, elle a tendance à souvent tombé dans l’écueil de la surenchère.
Eugénie Bastié, qu’on a connu plus inspiré, alors qu’Arnaud Beltrame est entre la vie et la mort, s’est essayée à un message navrant et complètement à côté de la plaque qu’elle qualifiera plus tard de débile avant de s’excuser. Trop tard.
Stéphane Poussier, un ancien candidat de la France Insoumise se réjouira de la mort d’Arnaud Beltrame, imputant aux gendarmes « l’assassinat »  de son « ami Remi Fraysse ».
Enfin une militante vegan elle se félicitera de la mort du boucher.
On nage en plein délire et certains médias ne peuvent s’empêcher de relayer ces infos.
Du côté de la « cathosphère » le outing de la GLDF sur l’appartenance d’Arnaud Beltrame à la franc-maçonnerie a semé le trouble chez certains alors qu’on apprenait au même moment sa conversion sur le tard et son mariage religieux prochain.
Sa vie n’appartient qu’à lui et à Dieu, le sens de sa mort est un témoignage pour tous et la complexité des âmes ne peut que nous rappeler que nous ne devons pas nous prendre pour Dieu qui connaît mieux que personne les reins et les cœurs.
Ce que l’on peut dire c’est qu’il a mis en pratique cette phrase de Sainte Thérèse de Lisieux :
« Aimer c’est tout donner et se donner soi-même ».
Aujourd’hui, alors qu’il sera inhumé dans l’intimité familiale, respectons enfin le deuil de sa famille, admirons la dignité de sa femme et ne soyons pas dans une vaine récupération puisque maintenant sa vie est entre les mains de Dieu, mais plutôt dans la communion ce qui est un minimum le Jeudi Saint.

Le #Jawad Comedy Club

Écoutez ♫

Cette semaine c’est le procès Jawad qui a beaucoup fait parler.

Jawad Bendaoud est devenu célèbre pour une intervention lunaire sur BFMTV le 18 novembre après l’assaut du RAID contre l’appartement qu’occupait le commando des terrasses Chakib Akrouh, Abdelhamid Abaaoud et la cousine de celui-ci Hasna Ait Boulahcen. Il affirmait ignorait que les occupants étaient des terroristes avant de se faire interpeller toujours en direct sur BFMTV !

Le Jawad Comedy Club

Ce qui frappe avec Jawad c’est à quel point il est confondant de bêtise.
Si vous aimez les oxymores, sachez que Jawad se définit lui-même comme « Calme comme une bombe ».(sic)

Autre exemple

C’est accessoirement à cause de gens « comme ça » que 130 personnes perdront la vie, massacrés aux abords du stade de France, sur des terrasses et bien sûr au Bataclan.

Sentant les portes du pénitencier bientôt se refermer il déclare :

«Je suis fini. Je suis fini. J’avais un projet de faire un nouveau point de vente de cocaïne. Qui va vouloir s’associer avec moi, maintenant ?

Le pauvre homme.

Sans présager de sa culpabilité ce qui n’est pas mon rôle, il est évident que Jawad ne fait pas la différence entre un tribunal et une salle de spectacle. Il a l’impression d’être sur BFM.

Peu importe qu’aucune caméra ne soit présente dans la salle d’audience, il fait le buzz sur Twitter grâce aux chroniqueurs judiciaires qui ont le mérite de retranscrire un discours totalement déphasé.

Jawad, une comptine pour enfant !

Jawad ne cherche pas à se faire passer pour un saint. Il dit avec des arguments tous plus invraisemblables les uns des autres ne pas avoir pu réaliser que c’était des terroristes mais en revanche, il se rappelle en détail de son sandwich dinde-boursin.
La propension de Jawad à chercher à faire rire (parfois à ses dépends) dans un contexte dramatique, fait penser aux comptines pour enfant. Mignonnes au premier abord, mais en creusant un peu plus, ne sont pas si innocentes que cela comme l’a relevé un internaute cette semaine.

https://twitter.com/_Talleyrand_/status/957548988760252416

Il était un petit navire raconte l’histoire d’un bateau qui n’a jamais navigué et dont les membres d’équipage, perdus en mer, finissent par entre-dévorer. À la pêche aux moules c’est une jeune fille qui ne veut plus y aller car les gens de la ville… l’ont violée. Enfin, Une souris verte relate la torture d’un soldat vendéen par les troupes républicaines durant la Révolution française.

 

Une journée aux Assises

justice is served

Mardi 2 décembre 2014 – Palais de justice de Paris.

Assister à un procès aux assises m’a toujours intéressé. J’ai toujours voulu comprendre comment se rend la justice, loin des petits encarts de presse et des gros titres racoleurs.
Déjà ce qui frappe en entrant dans ce lieu c’est le décalage entre la beauté du cadre et la pesanteur de l’affaire.

Pesanteur c’est bien le mot. Le procès du jour qui allait durer une semaine pourrait faire un titre de polar : Le meurtre du Bristol. Il n’en est rien. C’est un crime passionnel ou l’alcool et les antidépresseurs en sont les commanditaires.
Les faits remontent au 26 mai 2009. Dans la chambre 503 du Bristol. Une jeune femme Kinga Wolf, femme d’affaire à succès d’origine polonaise, est retrouvée morte dans la baignoire de sa suite. Son corps denudé, massacré avec plus de 100 impacts de coups. Son compagnon, Ian Griffin a fui en Angleterre au volant de sa Porsche. Ce dernier était largement alcoolisé et avait pris des antidépresseurs. Il ne se souvient de rien de ce qui s’est passé.
D’emblée je fais le lien avec un autre cas, celui de Marie Trintignant et Bertrant Cantat. Je me dis que ça ne va pas être facile de faire la lumière sur ce qui s’est passé puisque il a fallut cinq ans pour l’extrader et instruire l’enquête.

Dans mon imagination, je pensais qu’un procès aux assises n’était qu’une salve d’effets de manches par des avocats cherchant à faire pleurer l’audience en expliquant à quel point l’accusé a eu une enfance pénible. Ca peut exister mais c’est pas que ça.
Ce qui frappe c’est la rigueur avec laquelle le président est méthodique sur des choses qui peuvent paraître sans interêts. Le président va lire l’intégralité d’une facture payée au bar du Bristol.

Enfin mon regard s’est tournée vers le présumé innocent, Ian Griffin. Celui ci est arrivé avec des béquillles puisqu’il souffre d’une grave maladie qui l’empêche de marcher.
Est-il un monstre ? Est-il un homme rongé par ses démons de l’alcool ? As t’il vraiment oublié ce qu’il s’est passé ?
Je le vois prostré dans ses béquilles. Qu’est ce qui le submerge ? J’ai eu du mal à trouver l’explication et le président aussi. Voici quelques extraits de son audition où on remarque ses incohérences et les destabilisations du président.

Premier extrait sur l’attitude de Griffin face à sa compagne morte.

Président : Qu’avez vous pensez quand vous l’avez vu étaler sur le lit ?
Griffin : Je l’ai trouvé froide et mal en point.
Président : Morte ?
Griffin : Non je ne le croyais pas.
Président : Qu’avez vous fait ?
Griffin : Je lui ai fait un bouche à bouche pour la ramener à la vie.
Président : Pourquoi la ramener à la vie si vous ne la croyez pas morte ?
Deuxième extrait sur le fait que l’accusé à mis une petite pancarte « Ne pas déranger » sur sa porte avant sa fuite.
Président : Pourquoi l’avoir mis avant de partir ? Pour ne pas la déranger ?
Griffin : Parce que je ne croyais pas qu’elle était morte. Je la trouvais mal vraiment froide donc je l’ai mis dans un bain chaud.
Président : Et appeler un mèdecin vu le sang par terre ?
Griffin : Je n’ai pas cru que c’était utile.
Président : Vous aviez peur que le mèdecin la dérange ?
 Troisième extrait sur la volonté qu’a exprimé Ian Griffin de mettre fin à ses jours.
Président : Juste avant de partir, vous avez pensé quoi ?
Griffin : Je voulais me suicider mais c’était pas assez haut.
Président : Il me semble qu’au 5ème étage du Bristol, il y avait peu de chance pour que vous vous loupiez.
La dernière phrase du président est d’un humour noir et je trouve qu’elle n’avait pas sa place dans une audience. C’est très à charge de mon point de vue. J’estime que devant la détresse humaine d’ou qu’elle vienne accusé comme coupable, il faut un peu de retenue.
Ceci étant dit, j’ai noté l’acharnement pour ne pas dire l’opiniâtreté du président pour obtenir les réponses de l’accusé que la famille des victimes sont en droit d’attendre.

Ce que je retiens de cette expérience c’est qu’un procès est un lieu très humain. On a souvent tendance à dire qu’il existe une justice à deux vitesses. Je dirait que mon expérience de ce mardi 2 décembre 2014 m’a montré que la force de la justice se fait dans la lenteur.
La justice a besoin de justesse.

Hier, tard dans la nuit, les jurés ont rendu leur verdict : 20 ans de prison. Ce sera vraisembleblement moins mais il a été reconnu coupable par un juré. C’est long.
C’est aussi long pour la famille des victimes qui ont attendu ce procès pendant 5 ans et demi et qui ne verront plus leur fille, amie, soeur que sais-je ?
Sans faire de bons sentiments, j’espère que ce verdict les apaisera un petit peu à défaut de leur rendre Kinga Wolf.
Ian Griffin a commis l’irréparable. Il va devoir payer sa dette pour un acte « de pure folie » selon son avocat, qu’il dit avoir totalement oublié.
En ce qui me concerne, ce procès je ne l’oublierai pas.