Dans les coulisses de « Questions pour un champion »

Ce 1er décembre 2020, comme chaque après-midi depuis 33 ans, Questions pour un Champion était sur France 3. La différence ? Je faisais partie des candidats !

La sélection

Pour participer à Questions pour un champion, un passage obligé : la sélection. Ce qui m’a conduit sur ce plateau ? Un soupçon de curiosité, un goût pour le défi, et aussi de rendre hommage à ma grand-mère maternelle qui regarde maintenant QPUC avec les anges. Mais le chemin vers le buzzer commence par un passage obligé : le formulaire d’inscription

Quelques semaines plus tard, me voilà dans cette grande salle du 15ème arrondissement de Paris muni d’un stylo et d’un sous-main rigide afin de répondre confortablement. En attendant, j’ai jeté un regard circulaire sur les autres candidats. Certains avaient déjà joué et gagné. La sélection s’annonçait relevée… 

On nous appelle à entrer dans la salle d’examen, un souvenir de baccalauréat se rappelle à moi. Interrogation orale : l’examinateur nous a posé une série de questions de culture générale, à laquelle nous répondons sur une feuille. A l’issue de l’exercice, c’est au tour de notre voisin de gauche de corriger notre copie, pendant que l’animateur donne les bonnes réponses. Ceux qui n’ont pas obtenu le score suffisant partent. Nous partîmes cent, mais par le prompt renfort d’un deuxième questionnaire, nous nous vîmes trente en arrivant au port.  À ma grande surprise, me voilà à l’étape suivante. J’étais bien embarqué et heureux que ma mémoire vienne à ma rescousse. Un peu comme Jean Le Cam.

Casting face caméra : nous nous présentons, disons pourquoi nous voulons jouer, quelles sont nos passions. Une fois cet exercice fait, nous pouvons prendre congé des lieux et l’on nous dit qu’on nous recontactera.

J’ai été rappelé quelques mois plus tard. J’étais sélectionné pour participer au jeu ! C’est parti.

Le tournage

Originellement, je devais enregistrer le 30 mars 2020, mais le Covid a mis le monde à l’arrêt, et les jeux TV n’ont pas fait exception. L’émission est tournée dans un immense studio de France Télévision à Saint-Cloud (92) où d’autres jeux sont également tournés comme Slam, Personne n’y avait pensé !, et donc Questions pour un champion.
Mesures de distanciation obligent : nous avions chacun une loge ! En ce qui me concerne, plutôt grande, avec un canapé très confortable. Un écran nous permet de suivre les émissions tournées avant de passer. Six émissions par jour de tournage : un rythme très soutenu, permis par l’équipe qui fait tout pour nous mettre à l’aise et s’adapte aux conditions sanitaires pour nous fournir un accueil chaleureux.  

Mon passage était programmé dans la dernière émission. Pour participer donc au 9512e épisode de Questions pour un champion.

Un petit tour au maquillage, un passage chez le coiffeur, un point stylisme pour décider de la tenue qui correspondra bien au plateau. C’est tout cela une émission de télévision. Un animateur mis dans la lumière par plusieurs techniciens dans l’ombre. Je tiens ici à les remercier pour leur travail et leur grande gentillesse.

Dans l’antichambre…

Je regarde l’émission avant moi. Le candidat va jouer pour la cagnotte. Il a écrasé la concurrence et perd au face à face contre Alain, le premier vainqueur de la cagnotte de l’histoire du jeu en France. On vient me chercher pour que j’aille en plateau. C’est le moment. Impossible de faire machine arrière. Nous descendons un escalier, traversons un immense couloir et arrivons sur le plateau. Un ingénieur du son vient installer les micros, quelques essais et le chef d’édition nous délivre ses ultimes conseils. Entre autres : prenez du plaisir, et osez pour n’avoir aucun regret plus tard.Nous pouvons essayer le fameux buzzer qui confère le droit de pouvoir répondre s’il est déclenché avant les autres candidats, bien évidemment.

Samuel Etienne, « le marathonien du PAF »

Samuel Etienne vient nous saluer brièvement et nous discutons de la partie qui vient de se terminer. Tout de suite, il nous met à l’aise, glisse un petit mot et un encouragement pour chacun.

Nous sommes conduits hors du plateau. Les lumières s’éteignent. Le générique se lance. Alea Jacta Est.

Samuel Etienne m’a interrogé sur ma passion pour la prestidigitation et j’ai été content de parler de l’association Les magiciens du cœur avec laquelle, j’ai pu faire des spectacles de magie il y a quelques années. J’espère pouvoir en refaire, quand les conditions sanitaires le permettront.

Je suis admiratif de son énergie. Sa journée commence aux aurores et chaque matin, il poste une petite vidéo pour souhaiter un bon et lumineux anniversaire aux personnes nées ce jour-là accompagnées d’un petit éphéméride.

Il enchaîne comme anchorman de la matinale de France Info pendant presque 3h de directs et autant de préparation préalablement. Mon expérience de chroniqueur hebdomadaire me pousse au respect face à ce rythme. Puis 6 enregistrements de Questions pour un champion. Pour tenir, son secret c’est le sport. Il a déjà participé à une vingtaine de marathons et des trails.

Place au jeu !

Le jeu n’a pas duré très longtemps pour ce qui me concerne. J’étais face à de redoutables candidats. Ma stratégie était de tenter le tout pour le tout et de répondre le plus vite possible. C’est ce que je fais sur la première question, où je réponds vite et bien. Je ne voulais pas laisser les autres candidats respirer.

Le seul moment où j’étais leader du jeu. (capture d’écran)

Et puis les batailles de buzzer ont commencé, les mains sont devenues un poil plus moites et le trac un peu plus présent. Par exemple, incapable de me rappeler de Mitroglou, l’ancien avent-centre de l’Olympique de Marseille, alors que je suis mordu de foot… ces trois points envolés me coûteront très cher. Je me fais sortir sur une autre question de sport, concernant les couleurs des lignes sur une patinoire de hockey sur glace (qui sont bleues). Un petit cafouillage intervient et la candidate, ancienne championne tire bien son épingle du jeu et attend que je me trompe pour tenter une réponse… exacte. Chance ou savoir, il faut un peu de tout pour gagner et sa victoire est méritée.

Bravo Catherine !

Mon aventure à Questions pour un champion s’arrête donc là. Avec des regrets quand j’ai vu les questionnaires retenus pour le 4 à la suite et des questions sur Bob Marley. C’est le jeu. Un jeu tellement plus facile devant son écran qu’en situation.

Je repars avec une cagnotte de bons souvenirs, une montagne de chocolat et de pâte de fruits offert par un partenaire de l’émission, deux encyclopédies sur les plantes qui guérissent et un smartphone Android. J’espère pouvoir retenter ma chance si l’occasion se présente et ce jour-là ça va buzzer !

« Nous sommes en guerre », une série pour s’évader en plein confinement !

Dans une période où les salles de cinéma, les salles de spectacles sont fermées. Que les événements sportifs s’annulent ou se reportent en cascade … certains créatifs irréductibles profitent de ce moment pour continuer à faire vivre la culture sur le web. Ils n’ont pas les moyens de Disney + ou de Netflix mais se servent des contraintes pour en faire une force.

Fricero Films vient de sortir sa nouvelle production Nous sommes en guerre. Stella (Stana Roumillac) est une jeune femme vivant enfermée chez elle, met en doute la « version officielle » des journalistes et des autorités. Le Covid-19 n’existe pas. Le confinement, elle n’en a cure.

<p class="has-normal-font-size" value="<amp-fit-text layout="fixed-height" min-font-size="6" max-font-size="72" height="80">Cette série en six épisodes montre son chemin de conversion, rappelle le scénariste Loïc Landrau. Une mini-série produite en un temps record. Dès le premier épisode, le ton est donné. Nous sommes face à une jeune femme qui doute, qui se renferme et qui peine à trouver la clé dans son existence confinée. Cette série en six épisodes montre son chemin de conversion, rappelle le scénariste Loïc Landrau. Une mini-série produite en un temps record. Dès le premier épisode, le ton est donné. Nous sommes face à une jeune femme qui doute, qui se renferme et qui peine à trouver la clé dans son existence confinée.

Quelques mots des créateurs :

Comment est venu l’idée de cette série Nous sommes en guerre ?
Loïc Landrau : L’idée du titre est venue de cette phrase d’Emmanuel Macron qui nous avait tous saisie à l’époque. Je voulais profiter de ce confinement pour raconter une histoire, analyser ce qu’on vit avec une histoire très forte. Une histoire de conversion. L’avantage est que j’ai un ami de 25 ans, Emmanuel Fricero à qui je peux envoyer mes scenarii et qui peut les réaliser. Ce n’est pas de le cas de tous les scénaristes. Lui-même est confiné dans le sud de la France avec une comédienne. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose 100% en confinement. C’est un défi technique. Tout est tourné dans l’appartement du réalisateur mais ça reste une vraie fiction avec des personnages qui apparaissent en visioconférence, de l’action …

Loïc Landrau / Journaliste-Présentateur TV

Le personnage principale doute des versions officielles concernant le Coronavirus. C’est le cas de beaucoup de personnes. Pourquoi ces doutes ont la vie dure ?
Effectivement, en tant que journaliste, j’observe que dans les grandes crises, il y a toujours des doutes parce que les gens n’ont pas l’habitude d’accepter le hasard. Pour eux tout ce qui arrive est fomenté. On voit beaucoup de complotistes sur des groupes Facebook notamment qui affirment que la Chine est derrière tout ça.

<p value="<amp-fit-text layout="fixed-height" min-font-size="12" max-font-size="72" height="80">

Comment on réalise un film dans des conditions aussi spartiates ?
Emmanuel Fricero Cela fait trois semaines entre la réception des scenarii de Loïc, le casting, l’organisation du tournage. Il nous a fallu 3 soirs de tournage et 2 semaines de montage, mixage et la musique originale et l’étalonnage.

Comment tourner en respectant les mesures barrières ?

On est pas sorti de chez nous. On fait avec les moyens du bord. L’objectif était de tourner rapidement, en étant inventif. De faire des contraintes un style et une force dans la mise en scène. Depuis tout jeune, je suis habitué à faire des films en faisant tous les postes. C’est un challenge à chaque fois. J’ai la chance d’avoir une comédienne principale, Stana Roumillac, qui est extrêmement investie, qui propose plusieurs choses. C’est super pour un réalisateur.

L’interview en entier

Avec : Stana Roumillac, Mélody Banquet, Sébastien El Fassi, Morgane Talbot
Une Série Réalisée et Produite par : Emmanuel Fricero
Idée Originale, Scénario et Dialogues : Loïc Landrau
Musique Originale : Franck Ancelin
Étalonnage : Olivier Landry – Malpeza
Production : Fricero Films http://www.fricerofilms.com

Théâtre – Une femme sans préjugés

Je suis allé au théâtre du Nord-Ouest voir la pièce Une femme sans préjugés librement inspirée de la nouvelle de Tchekhov ! Je ne vais pas mettre de gants blancs pour vous dire ce que j’en ai pensé.

Cette pièce est donc une adaptation magistrale par Monique Lancel qui signe également la mise en scène. L’histoire se passe dans le Moscou de la fin du 19e. Maxime Salutov, beau jeune homme fait fondre la belle Hélène Gavrilovna quand il patine. Leur avenir semble heureux, mais un non-dit qui appartient au passé du jeune homme semble pouvoir nuire gravement à cette idylle qui s’apprête. Quelle est donc cette chose si grave ? Pourquoi n’arrive-t-il pas a se dévoiler ? Y parviendra-t-il ? Voyage dans une âme amoureuse et tourmentée.

La force du spectacle repose sur l’harmonie entre la mise en scène, la direction d’acteur et le jeu des comédiens. On oublie rapidement la simplicité du décor pour se plonger dans la pièce. Le travail de la lumière apporte une véritable ambiance à la pièce.

Les comédiens sont tous au diapason de la pièce. Dans cette pièce où le non dit est tout à la fois, le personnage principal et l’intrigue, il est mise en lumière par les nuances de leur interprétation. En clair, ça fonctionne. Rémi Picard incarne un Maxime Salutov fantasque et sombre. Il donne des couleurs à la noirceur du personnage. Il passe de l’un à l’autre avec précision ce qui est très compliqué. Il y est aidé par sa partenaire Roxanne Flochlay qui campe admirablement son pendant. Crucial pour la justesse de la pièce. L‘opposition et l‘attirance mutuelle des deux personnages donnent du relief et de la justesse à la pièce.

Dominique Vasserot et Hélène Robin forment un duo attachant et enjoué sans jamais être surjoué. Bernard Lefebvre a un jeu désarmant d’intelligence et de subtilités.

Cette pièce pose la question de la vérité en amour, du rapport à la liberté dans l’engagement. Une pièce légère et lourde. Claire et obscure tél un nocturne de Chopin où la mélancolie et le romantisme se conjuguent. Foncez-y !

Une femme sans préjugés au Théâtre du Nord-Ouest. 01h20

Avec Roxanne Flochlay, Bernard Lefebvre, Rémi Picard, Hélène Robin, Dominique Vasserot 
Adaptation et mise en scène :  Monique Lancel

13 rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris
Capacite: 90 places
Proche: Grands Boulevards

Théâtre – « 12 hommes en colère » Mon verdict !

Le procès vient de s’achever. Les 12 jurés vont devoir statuer sur la culpabilité ou l’innocence d’un jeune homme de 16 ans accusé de parricide au moyen d’un couteau à cran d’arrêt. Tout semble l’accabler. Au départ des délibérations 11 jurés sur 12 sont pour l’envoyer sur la chaise électrique. 1 seul, pourtant ne semble pas convaincu de sa culpabilité.

12 Hommes en colère – Théâtre Hébertot – Paris 17e

Ce chef d’œuvre de Reginald Rose est devenu un classique. Ce huis clos dramatique est étouffant par la lourdeur de la responsabilité qui incombe aux 12 jurés.

Cette pièce dans sa forme est une prouesse à plusieurs titres.

D’abord, il n’est jamais évident -dans une pièce relativement courte – d’identifier les 12 protagonistes. Mais chacun a une personnalité forte. Un visage de l’Amérique. Il y l’ouvrier, l’immigré un brin idéaliste qui fantasme les valeurs du pays de l’oncle Sam. Le fan de baseball qui veut vite expédier la délibération pour filer au stade. Le publicitaire dont la conviction est façonnée par la tendance. Le vieillard qui parle peu mais qui parle juste. Le financier rationnel à la pensée claire. Le père blessé et agressif. Et enfin l’architecte qui a un doute légitime qui va prendre l’office d’empêcheur de délibérer en rond.

Autre prouesse : une pièce non manichéenne. La peine de mort est un prétexte mais n’est pas le centre de la pièce. D’emblée, les jurées savent qu’ils ont la vie d’une personne entre leur main. La verdict sur la culpabilité ou l’absence de culpabilité doit être décidée à l’unanimité, ce qui accentue la tension. Ces 12 hommes si différents n’ont pas d’autre choix que de tomber d’accord. Dans la pièce dans laquelle ils sont cloîtrés -et les spectateurs avec eux- la chaleur étouffante contraste avec la froideur du verdict qu’ils doivent trouver.

Enfin, ce n’est pas le procès de la peine de mort mais d’un adolescent. Chaque juré a sa sincérité, sa conviction et ses doutes. Leur mission est de s’en tenir aux faits. La pièce est d’une étonnante actualité, à notre époque gangrenée par les fausses informations et les théories du complot.

Le message de cette pièce est que la vérité ne se décide pas simplement à l’aune de sa propre sincérité (aussi noble soit-elle) ni par sa propre interprétation mais par une recherche rigoureuse et impartiale du détail qui tue ou qui acquitte.

La mise en scène de Charles Tordjman a le mérite d’être sobre et de servir le texte. Les lumières et l’habillage sonore est malin. Le jeu des comédiens est ajusté. Ils ne cherchent ni à être plus intelligent que leurs personnages ni à les rendre plus héroïques ou plus odieux qu’ils ne le sont. Les 12 comédiens donnent la juste humanité et rendent magistralement justice à leur personnage de juré respectif.

Elie Semoun : Sénanque à l’appel

Le dôme de l’abbaye cistercienne Notre-Dame de Sénanque menace de s’effondrer. Les travaux sont estimés à 800 000 Euros. Pour réunir la somme, les moines ont trouvé un allié de poids en la personne d’Elie Semoun.

Samedi dernier l’humoriste a publié une petite vidéo sur la page facebook de l’abbaye « pas très rigolote mais pas triste non plus » où il invite à faire un don pour cette abbaye.

 

Ce soutien a du sens pour Elie Semoun. En effet, il raconte s’y être rendu pour y faire une retraite. Sollicité par l’abbaye, il n’a pas hésité à user de sa notoriété pour faire un appel au don.

image de l'abbaye

Après Stéphane Bern et son loto du patrimoine, c’est donc une deuxième personnalité qui vient au secours du patrimoine français.

J’ai écouté l’album posthume « Mon pays c’est l’amour » de Johnny Hallyday !

Vendredi 19 octobre 0h01, l’album tant attendu de Johnny Hallyday est donc sorti. Un peu moins de 10 mois après la disparition du taulier, cet album était très attendu.

Retour au source pour Johnny avec un album de 11 titres qui 4 minutes après sa sortie était déjà disque de platine. Johnny a traversé toutes les époques musicales offre à titre posthume un album très rock n’ roll ! Le titre éponyme de l’album Mon pays c’est l’amour nous replonge à l’époque de « Oh les filles » ou « Le fils de personne « . L’époque où ce jeune criait ses peines et ses espoirs et provoquait des émeutes au premier festival du Rock. La chanson commence par cette phrase « Je viens d’un pays où je choisis de naître, un bout de paradis que tu connais peut-être ; Je viens d’un pays sans drapeau ni frontière, ni sans loi où personne ne se perd. » Ce pays c’est l’amour. Ce thème qu’il a chanté dans tellement de chansons, peut-être parce qu’il en a été si privé petit.

L’hymne à l’amour du Rock.

J’en parlerai au diable marque l’ouverture de son album. Dans cette chanson, on découvre un Johnny qui règle ses comptes avec ceux qui l’ont accusé de son vivant – et ça continue – d’être un traître, de flirter avec les limites, un menteur. Il prévient que quand l’heure viendra à sonner il en parlera au diable qui saura l’écouter. Un pacte avec le diable ? Un aveu de satanisme ? Pas sûr. Dans le rock la subversion est la règle. On peut l’interpréter de cette manière, comme un cri qui dirait à ses pourfendeurs : »Puisque vous qui vous prenez pour Dieu à force de me juger, à qui d’autre que le diable pourrais-je m’expliquer sur mes failles. Je l’interprète comme une invitation à ne pas se prendre pour Dieu. Une attitude … à envoyer au diable.

La voix de Johnny est telle qu’on la connaît. Puissante, grave, forte. Et puis vient cet interlude où seule la musique parle et l’on prend conscience que l’absence de Johnny est omniprésente. Quelques violons et puis c’est tout. Une sorte de bande originale à la Philip Glass.

Et puis Johnny Hallyday laisse un dernier hommage à sa chère Amérique. Le pays de ses influences musicales. L’Amérique de William est un hommage aux grands espaces, aux motels sur les bords des high way. La poésie des mots est une illustration de cette Amérique des gens simples qui vivent dans les mobile-homes.

Voilà donc pour la postérité les 11 derniers messages que Johnny voulait délivrer à son public. Pour résumer c’est un album puissant, rock’n roll. Un album de Johnny tout simplement.

Jacques Brel, un ami de haut vol …

Qui n’a jamais voulu rencontrer Jacques Brel ? Facile me direz-vous, il suffit de s’interrompre un instant et laisser ses mots et mélodies vous envahir. Il vous y parlera de Madeleine qui ne viendra pas, de perles de pluies venues d’un pays où il ne pleut pas. Sans doute après il devisera sur les bourgeois qu’il comparera aux cochons ou sur les bonbons qui sont tellement bons. Mais pour comprendre sa quête, il faut prendre de la hauteur et être prêt à voyager. Un ouvrage paru cette année Voir un ami voler (Plon) co-écrit par Jean Liardon et Arnaud Bédat nous fait rentrer dans l’intimité du cockpit du Jojo. Le livre revient sur les dix dernières années de sa vie. Rencontre avec les deux auteurs de ce livre. Deux amis que Brel a réuni.

« Brel disait toujours qu’il faut faire les choses de manières professionnelles sans être un professionnel », glisse Jean Liardon. L’instructeur de l’école Les Ailes à Genève où Jacques Brel a accompli sa formation de pilote au prix d’heures de cours méthodiquement assimilés. En arrivant, il a déjà 500 heures de vol au compteur mais très vite il comprend que voler à vue, ne lui permettra pas d’atteindre son inaccessible étoile. Il lui faut donc être sérieux. Il le sera « dans la chanson, l’aviation, la navigation, et la confection de son dernier album », énumère Arnaud Bédat. « Mais il était aussi un grand déconneur, un espèce de personnage fantastique et drolatique sorti d’un conte de Michel de Ghelderode ».

Étoile de la chanson, il l’est déjà mais depuis deux ans, pour Brel la scène c’est fini. Ses adieux à l’Olympia après « 15 années d’amour » disait-il au moment de quitter la scène marque le premier jour du reste de sa vie. La vie qu’il a toujours voulu mener.

Jean Liardon évoque ses souvenirs avec la précision d’horloger suisse. Logique pour ce citoyen de la ville de Calvin, né Vaudois à Lausanne en 1942. Son amitié pour Brel est perceptible sur son visage.

L’aventure c’est l’aventure.

« Jacques Brel était un ouragan » dixit son accordéoniste Jean Corti qui l’imageait ainsi. Un ouragan qui sait néanmoins se contenir et se concentrer pour faire souffler ses vents de liberté.

Mais alors, comment vit-il les instants avant de s’envoler, lui dont on disait que le trac d’avant scène le faisait vomir ? « C’est pas la même chose, explique Jean Liardon, sur scène vous faites face à 800 personnes. Son trac était de ne pas être à la hauteur, de décevoir. Le public peut-être agressif. Dans un avion, il n’avait pas de public. Il avait une grande concentration… L’inconnu du public était pour lui plus stressante que l’inconnu d’un vol. » L’élève en pilotage se montre très studieux et progresse vite à tel point qu’il passe un échelon en pilotant un Learjet. Mais il n’est pas là pour enfiler des perles -de pluies- car un grand projet, un grand rêve se dessine dans son esprit. Aller en Guadeloupe avec Jojo. Pour Jojo. Le fidèle Jojo. Georges Pasquier de son vrai nom était le secretaire et homme à tout faire de l’artiste. Malade d’un cancer, il voulait qu’avant que son très cher ami soit six pieds sous terre, il puisse entrevoir un bout de paradis depuis le ciel. S’en suit un périple homérique à plusieurs escales : l’Écosse, l’Islande, le Groenland, le Canada, les USA, les Bahamas et la Guadeloupe. Le voyage fut dur mais Jojo était content. Contrat rempli.

L’amitié comme unique horizon

On imagine l’artiste comme un être solitaire qui a besoin de vivre dans sa grotte pour trouver une hypothétique inspiration. Brel, c’est tout le contraire, l’amitié a guidé sa vie. « Jacques était la générosité même », précise Arnaud Bédat, il a payé les cours à l’école Les Ailes de Genève, à quelques-uns de ses camarades de volée, des élèves qui n’avaient pas les moyens ou qui échouaient à leurs examens. » Jean Liardon abonde dans le sens de son co-auteur : « Avec lui impossible de sortir son porte-monnaie ».

Son extrême générosité se vérifie aux antipodes et y laissera une trace indélébile aux Marquises où il s’installe avec Maddly, le dernier amour de sa vie.

« Les enfants du village avaient accès à sa piscine, il leur préparait même souvent une collation», s’enthousiasme Arnaud Bédat. Sur place il fera des voyages sanitaires. Brel en belgian doctor ? « Certains biographes ont peu forcé le trait, mais c’est vrai qu’il aimait faire plaisir », nuance Arnaud Bédat.

Alors bien sûr, l’homme avait ses failles. Il se savait père absent pour ses enfants. « Les filles de Brel ne paraissent pas l’avoir vraiment  compris de son vivant. Alors qu’il propose un voyage en Afrique avec elles, elles lui arguent qu’elles ne veulent pas partir en Afrique dans un jet de millionnaire … » raconte Arnaud Bédat, « il en a été très abattu ».  La beauté de l’homme est souvent dans ses contradictions.

« Une présence réelle »

Et puis vient le dernier voyage, celui que Jacques Brel avec courage a tout fait pour retarder et qui l’obsédait : la mort. C’est Jean Liardon qui l’accompagne, en passager dans l’avion qui le conduit de Genève jusqu’au Bourget, puis direction Bobigny en ambulance où le poète poussera son dernier soupir. Quelques jours après sa mort, Brel fera un ultime cadeau à son ami Jean. Un cadeau surnaturel pour son ami si cartésien. « Le lendemain de sa mort, Jacques m’apparaît. Il y a cette visite, cette rencontre, cette présence réelle qui est complètement incompréhensible pour moi. Il me dit : Je serai toujours là pour toi… » Ultime pied de nez venant de celui qui ne croyait pas en l’au-delà. Mais quand on a que l’amour …

En atterrissant de ce voyage, il en ressort que le don fait au lecteur n’est pas tant le récit d’une amitié mais la volonté de faire de Jacques Brel notre ami. Un ami qui aimait voler … sérieusement.

Johnny

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La mort de Johnny Hallyday a donc été un événement national

Cette disparition nous sommes beaucoup à avoir du mal à nous y faire à l’idée. Beaucoup de gens ne savent plus où Smet. C’est pourtant une réalité. Une triste réalité mais « Le Fils de personne » a rejoint le Père. Les hommages de tous les bords ont afflué, déferlé de tous les côtés ! L’onde de choc était immense. Mais cet événement était bizarrement très ecclésiastique.

Un événement ecclésiastique 

Aucunement ! Comme vous le savez l’idole des jeunes avait le génie des lapalissades. Sur le Dakar où il avait fait honneur au désert, avec cette phrase désormais culte :

« Tu te rends compte que si on n’avait pas perdu une heure et quart on serait là depuis une heure et quart ».

Mais ce n’est pas tout. Une autre fois, interrogé sur ses goûts musicaux, il avait expliqué qu’il avait des goûts très ecclésiastiques ! Oui vous avez bien entendu. Pas étonnant que ses obsèques ait été vues par 16 millions de téléspectateurs !Mgr Benoist de Sinety a ouvert son homélie d’une grande profondeur en citant cette chanson :

Avec une seule poignée de terre Il a créé le monde
Et quand il eut créé la terre
Tout en faisant sa ronde
Le seigneur jugeant en somme
Qu’il manquait le minimum
Il créa la femme
Et l’amour qu’elle a donné aux hommes.

La presse chrétienne s’en est mêlée. Gérard Leclerc a fait plus d’éditos en une semaine sur Johnny Hallyday que dans toute sa grande carrière de journaliste. Jean-Pierre Denis va aller jusqu’à écrire qu’il était « notre plus grand missionnaire » ! Je suis tout à fait d’accord avec cette analyse parce que même si Johnny n’a pas vécu en (Claude) moine, qui d’autre que Johnny aurait pu offrir ses goûts ecclésiastiques à une telle échelle ? Une communion populaire mais une communion d’abord. Une communion où l’on a chanté Dieu et puis l’amour « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom … » dit Jésus alors imaginez avec 16 millions …

Et puis il y a eu ce tweet d’Emmanuel Macron rappelant qu’on « a tous quelque chose de Johnny »…

Johnny, je l’ai vu en vrai à trois reprises. La première fois, à la Villa Molitor, j’avais 10 ans et j’étais tombé sur une Harley et son propriétaire. Ignorant tout de Johnny, j’étais plus fasciné par son bolide qu’il m’a très gentiment laissé regarder de près. Quelques années plus tard, et une culture musicale légèrement plus accrue, je l’ai revu au Champs de Mars « Allumer le feu » avec une énergie hallucinante pour ce qui  était sa première dernière tournée. La première d’une longue série. Enfin la troisième fois c’était au théâtre Edouard VII dans une pièce de Tennessee Williams « Le Paradis sur terre » et il y était éblouissant. Aujourd’hui le paradis de Johnny n’est plus scène. Pour ce qui est de la musique elle vivra, tant que vivra le Blues et depuis une semaine on est beaucoup à avoir un coup de Blues.

Les trois Bayrou

Réécoutez ​

Le coup de fil de François Bayrou a un journaliste de Radio France fait polémique depuis quelques jours mais j’ai décidé de prendre sa défense. Explications

J’ai voulu prendre la défense de l’homme privé, du citoyen et du ministre de la justice et garde des sceaux François Bayrou. Vous allez me dire que c’est un peu téméraire comme opération mais sa situation l’exige. Oui vous l’avez compris, il existe trois François Bayrou et ce n’est pas moi qui le dit mais lui-même ou peut-être eux-mêmes c’est difficile à savoir et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de prendre sa défense, dussé-je être sur écoute.
Alors oui, François Bayrou à trois casquettes. Il y a donc François Bayrou l’homme privé, le François Bayrou qui par sa fonction de Garde des Sceaux en fait un François Bayrou homme public et enfin le troisième François Bayrou citoyen. Ces trois casquettes coexistent ou qui cohabitent (chacun se fera son avis) dans la plus parfaite indépendance, et c’est François Bayrou, garde des sceaux et ministre de la justice qui le garanti. En revanche le François Bayrou citoyen lui n’est pas ministre de la justice et peut donc tout à fait appeler un journaliste quand ce dernier à l’outrecuidance d’enquêter avec un poil trop de ténacité sur des soupçons d’emplois fictifs dont aurait bénéficier le MoDem. Tout cela je le dis au conditionnel parce que comme vous le savez c’est à la justice de faire son travail. Enfin il y a le François Bayrou citoyen qui a pour vocation de dénoncer, de vitupérer, ou de condamner les pratiques les plus indignes de la Ve République pour la moraliser. Reste à savoir si la guerre entre les trois aura ou n’aura pas lieu.

Quelles sont les avantages/ inconvénients d’avoir trois casquettes ?

Jean-Pierre Chevènement disait qu’un ministre ferme sa gueule ou démissionne. L’avantage de Bayrou citoyen est qu’il peut l’ouvrir sans que François Bayrou ministre n’ait à démissionner.
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En fait c’est surtout sa manière à lui d’être un peu un triptyque de Jérôme Bosh et son jardin des délices c’est la politique. pour l’instant ce qu’il a le plus planté, c’est sa communication de crise.

Un rapport avec le bac philo qui commence aujourd’hui ?

L’année dernière le sujet de Philo pour la série ES était : Savons-nous toujours ce que nous désirons. Est ce que François Bayrou sait ce que les autres François Bayrou désirent ? Le François Bayrou citoyen rêve de rester ministre mais le François Bayrou lui veut conserver sa place ! Le Bayrou homme privé, le maire de Pau est quant à lui très à fleur de peau.

Jean de La Fontaine …si tu nous regardes ?

Ecoutez ▼

https://incandescentes.files.wordpress.com/2017/04/carte_blanche_20170427.mp3

Depuis dimanche soir, les français ont décidé de porter Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour. Les anciens avaient-ils prédit cet état de fait ?
Depuis les résultats de dimanche, les instituts de sondage fanfaronnent et s’estiment être les grands vainqueurs de cette élection. Pour ma part, le plus visionnaire aura été ni l’IFOP, ni IPSOS, ni Nostradamus, ni Elisabeth Tessier mais bien … Jean de la Fontaine. Je précise que je ne veux pas faire de comparaison entre les métiers d’analyste électoral, de médium ou de fabuliste. Cependant quand on se replonge dans les fables de la Fontaine on remarque que sa perception de la société est encore d’actualité.
Un exemple de fable ?
Parmi les candidats il y a eu un nombre conséquent de Pierrette qui ont du abandonner leur pot au lait sans découvrir le pot aux roses. Emmanuel Macron a compris que rien ne sert de courir, il faut être en marche. Les électeurs de la droite et du centre puis du PS furent pendant les primaires ces fameuses grenouilles qui se lassant de l’état démocratique se virent affubler un roi pas si pacifique que cela. Enfin, j’ai observé que pour Les verts on a pas toujours besoin d’un plus petit que soi.
Une petite fable dans l’esprit de Jean de La Fontaine pour décrire cette campagne* !
La campagne ayant duré 5 années,
Se trouva fort décousue quand le scrutin fut venue !
Pour LR et PS, pas de bail à louer rue du Faubourg Saint-Honoré.
Sieur Macron, le fils spirituel,
Se voyant bien remporter l’élection présidentielle,
Se fendit d’un interminable bain de foule,
De La Rotonde jusqu’au lieu-dit Whirpool,
Belle manufacture aussi appelé usine,
Laissant républicains et socialistes à leur minable cuisine !
On ne peut pas renoncer à un maroquin,
Lui le seigneur et le roi des strapontins,
Dame Marine, troquât les armoiries du logis FN,
Pour partie à la conquête du fameux bas de laine,
Et tenter de rafler les voix tant espérées
De son rival insoumis … de côté.
L’homme dont les suffrages ne valent pas plus que les sondages.
Si aujourd’hui la France déchante et qu’elle vit un malaise,
Comment en être fort aise ?
Cette fable n’est qu’une modeste démonstration.
Que nous avons les élus que nous méritons.
Quelle est la morale de cette fable ?
La morale c’est qu’une élection n’est pas une canonisation ! Les comportements les plus vils sont exacerbés en campagne.
Mais la politique, n’est pas que tactique et peut aussi être noble mais elle a besoin de tempérance, de recul pour éviter que cette fable ne continue encore et encore … C’est ce qui aura cruellement manqué dans cette élection. De la tempérance et du recul.
*L’auteur remercie Jean de La Fontaine pour son immense talent. Jean si tu nous regarde ?