Montel sur ses grands chevaux !

Cet été, deux voix ont crié dans le désert. Deux sujets différents, deux personnes que tout oppose et pourtant qui ont deux points communs, le même patronyme (ce qui est un détail) et un amour immodéré pour les lieux communs et la démagogie.

C'est Patrick Montel qui a dégainé le premier. Pendant les championnats du monde d'athlétisme de Londres, le commentateur de France Télévision a fait part de sa sidération devant le montant astronomique de la clause libératoire de Neymar. Voilà ce qu'il a déclaré :
«Au niveau économique, au niveau fiscal, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, il y en a qui vont se remplir les poches, tout va bien. Au niveau de la morale, de la philosophie… Moi j'en ai une autre. Aujourd'hui un joueur de football gagne autant que ça. Il a du talent, il est génial, tout ce que tu veux mais trop c'est trop. Que le mec qui a découvert aujourd'hui le vaccin du sida et qui va sauver des millions de vies gagne que dalle par rapport à ça…».
Rappelons à l'ami Patrick Montel que les salaires colossaux des footballeurs ne datent pas d'hier. Ils répondent à une loi : celle de l'offre et de la demande. En outre, Neymar, comme les autres nababs du ballon rond, gagne beaucoup plus par ses contrats publicitaires que par la virtuosité de ses dribbles.
Rappelons à l'ami Patrick Montel, que les 222 millions d'Euros avancés par la presse ne correspondent pas au salaire de Neymar mais au montant de son transfert. Certes son salaire est hors-norme, mais rassurez-vous, il me semble que les dirigeants du PSG devraient vite s'y retrouver. Rappelons enfin à l'ami Patrick Montel que le vaccin contre le sida n'a toujours pas été découvert. Peut-être que Neymar après sa carrière va changer de domaine et s'y employer, ainsi Patrick Montel s'y retrouvera moralement et philosophiquement.
L'inanité de son indignation a beaucoup fait rire sur les réseaux sociaux mais elle aura eu autant d'effet que la triste dernière ligne d'Usain Bolt.

En parlant de ligne droite, voire d'extrême droite, venons en à une autre Montel qui a fait parler d'elle : Sophie Montel. Alors que le pape Francois propose 20 mesures concrètes pour l'aide aux migrants comme des visas temporaires pour ceux qui sont en zone de conflits, voilà que cette volonté a eu le don d'exaspérer la députée européenne qui s'en est pris au souverain pontif avec les mêmes poncifs bien connus. Invité par Jean Michel Aphatie elle a affirmé que "le pape devrait se mêler de son domaine, c'est à dire la spiritualité et rendre à Cesar de qui appartient à Cesar et ne pas se mêler de politique et réfléchir pourquoi les églises se vident" tout en lui redisant "qu'en France aussi il y a des pauvres" et l'incitant à gérér "son troupeau de fidèle". Jean Michel Aphatie lui a rétorqué que le successeur de Pierre en s'exprimant ainsi était dans sa mission spirituelle.
Rappelons que Cesar ne siège plus à Rome depuis que Brutus, son fils indigne l'a poignardé de sang froid. C'était une autre époque, aujourd'hui dans les partis politique on ne tue plus le père.
Rappelons que le Pape a une mission spirituelle et politique. L'évangile est politique. Certes, l'évangile ne peut pas plaire à tout le monde, et même tout dans l'évangile peut ne pas plaire : Aimer son ennemi, tendre l'autre joue, accueillir l'étranger, donner sa vie, mourir à soi-même … c'est La croix et la bannière pour le catholique lambda. Croire sans voir n'est pas aisée non plus, mais le mal des politiques aujourd'hui est de croire sans savoir.
Que les mesures proposées par le pape ne soit pas appropriées et sujettes à débat, c'est possible mais ce que Sophie Montel ignore c'est qu'on ne gère pas un troupeau de 1,3 milliards d'individus comme la circonscription dont elle est élue. Sophie Montel a brillamment fait son entrée dans le club très célèbre des politiques qui donnent des conseils à coté de la plaque au pape mais dont ce dernier n'a jamais entendu parler. Elle souhaite que le pape soit 100% Jésus. Chacun chez soit et les hippopotames seront bien gardés. Elle oublie peut-être que si certaines églises se vident, c'est aussi en raison de la violence aveugle et barbare de Daech qui tuent en Irak et sur les Ramblas.

Patrick Montel en 2015 s'était offusqué que le Brésilien Neymar portât un bandana avec cette inscription : "100% Jesus " après la victoire du Barça en Ligue des Champions. Il avait fait part de son malaise dans un tweet lunaire.

On notera le jeu de mot "irrésistible" du commentateur. Cette invitation de remplacer Jesus par Mahomet est pathétique puisque Neymar n'est … pas musulman. Notons au passage que Patrick Montel ne s'est jamais indigné qu'Hicham El Guerrouj ne remerciât Allah au micro de Nelson Monfort après les magnifiques titres du demi-fondeur marocain. Démagogie mon amour !

Ainsi vont les Montel. Indignation sélective, Coup de gueule dans le vide, pour faire du bruit sur une toile déjà bien abîmée par la bêtise d'anonymes et de trolls.

Solférino : À vendre !

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Depuis mercredi 21 juin la vie politique française est sans dessus-dessous

Hier matin, François Bayrou dont je posais la question de son avenir même la semaine dernière a expliqué qu’il souhaitait quitter le gouvernement. Il a précisé que ce n’était en rien une démission mais un choix de liberté.
Sans doute sera t’il plus utile au gouvernement depuis sa mairie de Pau que depuis la Place Vendôme !
Exit aussi Sylvie Goulard, ministre des armées et Marielle de Sarnez ministre des affaires européennes. Cette dernière quitte le gouvernement où elle a pu faire ses preuves plus pour les affaires que pour l’Europe, mais dirigera avec joie le groupe MoDem au palais Bourbon.
L’après-midi le groupe Les Républicains s’est disloqué en deux groupes sous l’impulsion de Thierry Solère qui en pleine canicule a jeté un froid à droite en décidant de créer un groupe appelé : Les Républicains constructifs, UDI et indépendants. C’est bien connu, à droite même en pleine fête de la musique, l’harmonie c’est pour les autres. Peut-être qu’au lieu de créer deux groupes Les Républicains auraient pu installer des paravents comme le suggère la nouvelle député de la huitième circonscription de Lyon Anissa Khedher, pour tous ceux qui se sentent en sureffectif. Ce qui est valable pour l’éducation nationale peux l’être aussi pour la basse assemblée.
Et enfin le soir, le nouveau gouvernement a été nommé concluant ainsi une folle journée politique. *
Une annonce du Boncoin propose de rénover Solférino.

Le Parti socialiste quant à lui voudrait vendre son siège du 10 rue de Solférino. Historique ?

Après s’être fait marcher dessus aux dernières élections, les socialistes canal historique vont peut-être devoir se séparer de leur siège de la rue de Solférino. Pour l’instant, cette option n’est pas encore arrêtée, il n’y a pas encore de promesse de vente, mais pour renflouer les caisses il devra passer par là et se trouver un nouveau premier secrétaire.
Samedi 24 juin, nous commémorerons la bataille de Solférino qui a commencé il y a 158 ans le 24 juin 1859 et dont il ne reste plus que 29 survivants (députés socialistes). Un Parti laminé par celui d’un ancien banquier devenu Président de la république. Allez savoir pourquoi un ancien locataire de la rue de Solférino reconverti en conseiller en com’ pour les tournois de foot de Corrèze expliquait en 20112 que son ennemi c’est … la finance.

https://www.facebook.com/plugins/video.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2FCornilfjep%2Fvideos%2F10155708047625695%2F&show_text=0&width=222

Alors si parmi mes lecteurs certains sont intéressés pour se porter acquéreur du 10 rue de Solférino dans le 7e arrondissement de Paris, sachez qu’il vous faudra débourser la somme modique de 50M d’euros. C’est une estimation mais comme vous le savez François Mitterrand avait déclaré en son temps qu’après lui il n’y aura que des comptables, le problème pour le PS c’est que personne ne s’estime être comptable de la situation.
*Contrairement à ce qu’a indiqué le secrétaire générale de l’Elysée, Laura Flessel reste bien ministre des sports

A big field to moissonnate

C’est la vidéo dont tout le monde parle depuis 48 heures ! La reprise de Claude Tassin « Un grand champ à moissonner » est en train de s’offrir un lifting. Curieux à l’époque de Glorious, de Grégory Turpin, des Dei Amoris Cantores ou autres Guetteurs de voir un tel engouement pour ce chant ! L’explication d’un succès planétaire !

Une chanson massacrante massacrée

Deux chaises, une guitariste, un homme allongé sur le sol avec un instrument qui pourrait être une guitare volée dans une crèche, deux automates faisant défiler des panneaux avec un air grave et une chanteuse avec une voix improbable. Voilà les ingrédients de ce buzz lyonnais au départ et peut-être bientôt mondial.
Oui à première vue on pourrait croire que cette vidéo est « le pire clip de l’histoire », dixit son producteur We Believe. Il y a eu une époque (et la nôtre connaît ça et là quelques réminiscences) où les chants de sorties des messes dominicales faisait fuir, où les chants de communion ne rimait pas avec unisson. Bref une époque où les chants à la messe étaient la 15e étape du chemin de croix.

Une chanson à double face

Il serait aisé de s’arrêter à l’aspect délirant de la mélodie, à la futilité des paroles, à la gesticulation des musiciens (qui se considèrent comme tel) mais ce serait passé à côté de l’essentielle car cette vidéo a une autre versant, elle a un but qui se décèle à mesure que cette vidéo arrive à son terme. Ce but est de soutenir les Chrétiens d’Orient. Car oui la génération des digital natives passe un temps fou sur les réseaux sociaux, obnubilée par des vidéos tantôt violentes, tantôt marrantes, la plupart du temps inutiles. Le but de cette vidéo n’est pas de susciter des réactions mais une action. Une action simple : Faire un don pour les Chrétiens d’Orient 
Car oui il y a différentes manières de s’engager et même le ridicule en plus de ne pas tuer peut être le moteur d’une opération de solidarité jamais vue. On connaissait le Ice Bucket Challenge qui consistait à se versait un sot de glaçons sur la tête pour mobiliser contre la sclérose latérale amyotrophique, le moissonning est en passe de devenir la nouvelle façon tendance de montrer sa solidarité.

Quelques bonus

Et sur KTO …

Les trois Bayrou

Réécoutez ​

Le coup de fil de François Bayrou a un journaliste de Radio France fait polémique depuis quelques jours mais j’ai décidé de prendre sa défense. Explications

J’ai voulu prendre la défense de l’homme privé, du citoyen et du ministre de la justice et garde des sceaux François Bayrou. Vous allez me dire que c’est un peu téméraire comme opération mais sa situation l’exige. Oui vous l’avez compris, il existe trois François Bayrou et ce n’est pas moi qui le dit mais lui-même ou peut-être eux-mêmes c’est difficile à savoir et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de prendre sa défense, dussé-je être sur écoute.
Alors oui, François Bayrou à trois casquettes. Il y a donc François Bayrou l’homme privé, le François Bayrou qui par sa fonction de Garde des Sceaux en fait un François Bayrou homme public et enfin le troisième François Bayrou citoyen. Ces trois casquettes coexistent ou qui cohabitent (chacun se fera son avis) dans la plus parfaite indépendance, et c’est François Bayrou, garde des sceaux et ministre de la justice qui le garanti. En revanche le François Bayrou citoyen lui n’est pas ministre de la justice et peut donc tout à fait appeler un journaliste quand ce dernier à l’outrecuidance d’enquêter avec un poil trop de ténacité sur des soupçons d’emplois fictifs dont aurait bénéficier le MoDem. Tout cela je le dis au conditionnel parce que comme vous le savez c’est à la justice de faire son travail. Enfin il y a le François Bayrou citoyen qui a pour vocation de dénoncer, de vitupérer, ou de condamner les pratiques les plus indignes de la Ve République pour la moraliser. Reste à savoir si la guerre entre les trois aura ou n’aura pas lieu.

Quelles sont les avantages/ inconvénients d’avoir trois casquettes ?

Jean-Pierre Chevènement disait qu’un ministre ferme sa gueule ou démissionne. L’avantage de Bayrou citoyen est qu’il peut l’ouvrir sans que François Bayrou ministre n’ait à démissionner.
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En fait c’est surtout sa manière à lui d’être un peu un triptyque de Jérôme Bosh et son jardin des délices c’est la politique. pour l’instant ce qu’il a le plus planté, c’est sa communication de crise.

Un rapport avec le bac philo qui commence aujourd’hui ?

L’année dernière le sujet de Philo pour la série ES était : Savons-nous toujours ce que nous désirons. Est ce que François Bayrou sait ce que les autres François Bayrou désirent ? Le François Bayrou citoyen rêve de rester ministre mais le François Bayrou lui veut conserver sa place ! Le Bayrou homme privé, le maire de Pau est quant à lui très à fleur de peau.

Le débat qui a touché le foot

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Un choix cornélien
Hier soir, j’étais confronté à un choix cornélien : regarder le débat sur France 2 ou sur TF1. C’est un peu bonnet blanc, blanc bonnet comme disait en 1969 le communiste Jacques Duclos en référence à l’opposition entre Georges Pompidou et Alain Poher. C’est une autre époque.
J’ai regardé avec attention le débat opposant l’AS Monaco et la Juventus de Turin. Ou plutôt l’inverse. En fait c’était tellement compliqué que ne m’en voulez pas si par moment dans cette Carte Blanche je confond. En réalité j’ai fait ce que m’a conseillé un ami, regarder le match en écoutant le débat qui n’en était pas un.
Un vrai débat ?
Les débats présidentiels font parti de notre patrimoine culturelle. C’est très français la culture du débat, la culture de l’engueulade, la culture des discussions animées dans les réunions de famille. Alors hier soir, j’attendais un « monopole du cœur », un « dans les yeux je vous le dis », un « vous avez tout à fait raison Mr le Premier Ministre » ou un « Moi President » … rien de cela. Nous avons eu le droit à un affrontement avec deux heures et demie d’échanges de noms d’oiseaux et d’accusations ad hominem.
Oui, je croyais voir un débat politique et j’ai vu un match de football.
Des ressemblance entre ce débat et un match de football ?
Je ne parle pas d’une grande affiche de ligue des champions, cette coupe européiste, entre le FC Barcelone et le Real Madrid ou la beauté des gestes fait partie du jeu, non là c’était plutôt un match de Coupe de France. En même temps, Marine Le Pen va être ravie puisque avec la déculottée reçue par L’olympique Lyonnais contre l’Ajax Amsterdam et la défaite cuisante de Monaco contre la Juventus, la France du football va peut-être vivre un Frexit dès la semaine prochaine. Cela dit la candidate frontiste n’a absolument pas eu le temps de regarder le match car elle était trop préoccupée par la lecture de ses nombreuses fiches qui lui ont été préparées avec soin par Florian Philippot, qui a d’ailleurs trouvé que la candidate avait été excellente. Emmanuel Macron n’a lui non plus pas pu regarder le débat, rappelons que son équipe préférée est l’Olympique de Marseille, c’est pour ça qu’il devrait être un petit peu plus modeste en affirmant vouloir « porter l’esprit de conquête français »(sic).
Pour qu’il y ait débat il faut qu’il y ait un arbitre, et hier soir les Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq auraient bien aimé mettre quelques cartons jaunes mais c’était pas possible. Ils ont du cirer le banc tel des remplaçants en assistant impuissants à l’échange de tacles, de coups et de scuds.
Quelle était la stratégie?
La stratégie des deux candidats étaient clairs et décelable en 3 minutes. Macron avait beaucoup à perdre. Il devait montrer qu’il est présidentiable, rassembler le plus largement possible, se désolidariser du PS. Quant à Marine Le Pen, en tant qu’outsider elle devait rentrer dans le lard de Macron d’entré de jeu en martelant que c’était un Hollande bis. Mais finalement il ne restera pas grand chose de ce débat.
Ce que je me suis dit que le football, le tennis, le catch, le badminton, c’est beaucoup mieux quand c’est fait par des professionnels.

L’art des clips de campagne

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Depuis lundi nous sommes rentrés dans la campagne officielle. Les clips de campagne des 11 candidats sont connus. Qu’ont-ils en commun ?

Les clips officiels sont une tradition dans les campagnes présidentielles. Une image vaut 1000 mots et dans une vidéo, il y a 24 images par seconde. Inutile de vous dire combien ces images doivent être léchées. Ces clips ont un cahier des charges ultra précis. Comme en France on aime faire compliqué quand on peut faire simple, le CSA a mis en place 49 articles pour réglementer ces clips. Et après c’est l’Église qui est dogmatique… Pas de drapeau, pas d’hymne nationale, la durée maximale est de 3 minutes 30, c’est à dire une mission impossible pour François Asselineau dont les discours dépassent allègrement les 3h30.
Le candidat du Frexit annonce la couleur en disant :

« Moi je ne joue pas sur les émotions, je m’adresse à votre intelligence pour que vous compreniez les problèmes de la France. »

On peut clairement douter d’une telle affirmation car à l’écoute de sa récitation de la litanie des articles de la constitution, l’émotion est palpable. Cela dit, l’émotion n’est pas la seule arme pour réaliser un bon clip.
Quels sont les ingrédients pour réaliser un bon clip de campagne ?
Tout d’abord, il faut noircir le tableau. Expliquer que la France est dans un état déplorable et que c’est un scandale. Tout va mal et il est temps que ça change.
Deuxièmement, il faut expliquer que les autres candidats disent des absurdités.
C’est là que vient LE MOMENT important. Rappeler qu’on est candidat à l’élection présidentielle, mais attention pas pour flatter un ego, mais pour le pays.
Très important aussi : L’empathie. Dans son clip aux faux airs de United Colors of Benneton, Benoit Hamon dit :

 « Je vous comprends, je comprends vos inquiétudes, le sentiment de n’être pas écouté … »

Ne pas être écouté, il sait ce que c’est l’ancien frondeur, surtout en ce moment avec les sondages.
En parlant de fronde, Jacques Cheminade, s’est pris pour le roi David et a affirmé qu’être un petit candidat était un avantage et que les grands devraient se méfier de lui. Pourquoi ?

 « Car ils verront comment les David peuvent battre les Goliath ».

Tremblez philistins !

Quel est le but de ces clips ?

Pour être visible, pour être audible et dans le cas de Philippe Poutou en parodiant son passage dans l’émission de Laurent Ruquier On est pas couché, son but est manifestement d’être primé au prochain festival Juste Pour Rire.
Enfin il y a Jean-Luc Mélenchon. Finit le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas mais il se positionne comme le candidat de la paix. En revanche, il a assuré que si l’un de ses 4 principaux opposants était élu président, les français allaient cracher du sang. Heureusement qu’il finit par un peu de poésie.

 « Allez viennent les jours heureux et le goût du bonheur »

Qu’il est fleur bleu rouge ce Jean-Luc …

La culture, le bonnet d’âne de la démocratie

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17 jours nous séparent du premier tour et pourtant il y a un sujet qui n’est presque jamais évoqué dans cette campagne : la culture.
Mardi soir, j’ai regardé très attentivement le grand débat sur BFMTV et CNews avec les 11 candidats et les sujets abordés étaient pêle-mêle : l’emploi, l’Europe mais un sujet à fait faux bond, à l’instar de la cravate de Philippe Poutou : la culture.
La culture c’est un peu comme la tombe du soldat inconnu sur la place, ou plutôt sous la place de l’Étoile. Elle est au centre, mais on tourne autour. On la regarde distraitement mais le plus souvent on passe à côté. Elle est honorée qu’une fois dans l’année… le 32 février. Dans le débat politique il y a des sujets tabous, des sujets abscons et aussi des sujets absents et la culture en est l’illustration parfaite. Les candidats ont des choses à dire sur ce sujet mais pour en parler ils affirment des phrases toutes faites d’une grande banalité qui paraissent alléchantes au premier abord comme : « démocratiser la culture », « faire de la culture notre socle commun », « ouvrir la culture au plus grand nombre » et j’en passe. Des phrases différentes pour dire la même chose, c’est à dire pas grand chose.
D’où vient cette absence de la culture dans le débat ?
Peut-être parce que justement la culture n’a pas pour vocation première de cliver. Le clivage permet de se démarquer et donc d’exister dans une campagne. Pourtant la culture fait débat.
Est-ce qu’Asselineau peut nous sortir un article de la Constitution Européenne pour nous parler de culture ?
Macron doit il des droits d’auteur à Hollande ? François Hollande étant le président qui aura le plus fait pour l’industrie du livre à force de se livrer lui-même aux journalistes.
On associe parfois un peu trop rapidement la culture à l’éducation. Certes l’éducation permet d’obtenir un certain niveau de culture générale comme de savoir que Picasso n’est pas qu’un modèle de voiture.
Et puis la vraie raison, c’est que le débat est très souvent orienté autour du quotidien, du pouvoir d’achat, et de la sécurité et inexorablement la culture devient un sujet secondaire pour les candidats.
Est-ce que finalement, la culture n’est pas un sujet secondaire ?
Si la culture était secondaire il n’y aurait pas 67 millions de touristes en France tous les ans.
Si la culture était secondaire, Daech n’aurait pas détruit la ville de Palmyre.
Si la culture était secondaire, les nazis n’auraient pas brûlé autant de tableaux de grands maîtres jugés par eux comme de la sous-culture. Je ne vais pas continuer plus loin l’anaphore mais c’est dire que la culture dérange les esprits les plus fermés.
Lionel Jospin disait à très juste titre que la culture est l’âme de la démocratie. J’espère que d’ici là, la démocratie va retrouver son âme.

Decodex moi

C’est le nouvel outil, dont tout le monde parle : le decodex. De quoi s’agit-il ?
On doit cet outil au site Les décodeurs du journal Le Monde. Il part d’un principe qui est très juste : Sur internet et notamment les réseaux sociaux il existe un flot inextinguible de fausses informations à l’heure où beaucoup s’improvisent journaliste. Souvent ces informations biaisées ou même complètement bidons proviennent de site où le journaliste (si c’est un journaliste) n’a pas donné d’informations fiables ou plutôt pas factuelles.
Comment ça marche ?
Le décodex est donc un moteur de recherche qui s’utilisent à mesure de notre navigation sur les sites qui diffusent ou qui partagent de l’information. Un code couleur apparaît :
Gris : Collaboratif —> Wikipédia
Bleu : Parodique —> Le Gorafi
Rouge : Très peu fiable —> Le site de la SNCF
Orange : Peu fiable —> le journal de Mickey
Vert : Plutôt fiable —> incandescentes.com
Comment font-ils pour savoir si c’est fiable ? 
Les décodeurs précisent que l’orientation politique n’entre pas en considération pour ne pas tomber dans le flicage de la presse mais uniquement sur le respect des règles journalistiques comme la vérification et le croisement des sources. Dont acte.
Verdict ? 
A tout seigneur, tout honneur, j’ai commencé par tester le site du Monde. Je dois dire que je trouve extrêmement honnête de la part des décodeurs de révéler en toute objectivité que les informations provenant du site du Monde sont plutôt fiables. Cependant ils nous demandent de pousser la vérification. C’est courageux.
J’ai essayé plusieurs sites. Dans les sites considérés comme plutôt fiables on retrouve Le Figaro, Le Parisien, Paris Match, L’équipe, Europe 1, l’Humanité qui doit être vert de ne pas être rouge (ou l’inverse) … bref les « grands médias » le sont.
En revanche, parfois l’étiquetage est compliqué. J’en veux pour preuve cette Une datée du 24 novembre 2016 du très sérieux quotidien Libération « Au secours, Jésus revient » ce qui était clairement une information non vérifiée auprès des personnes concernées tout du moins.
Enfin, Décodex a pris soin de préciser que Le Gorafi est bel et bien un site parodique. C’est important de le préciser pour éviter de se couvrir de ridicule comme récemment le quotidien algérien El Hayat. En effet ils ont repris un article parodique du Gorafi où Marine Le Pen promet la construction d’un mur entre la France et l’Algérie. Cette information n’étant pour l’instant pas vraie.
Que pensez de cet outil ?
L’idée est intéressante parce que je pense que c’est tout à l’honneur d’un média de lutter contre la désinformation et de se l’appliquer à soi-même.
C’est sain d’être transparent sur les faits mais sont-ils tous vérifiables ? Certains le sont. Par exemple si j’avance que le PSG a dépecé le FC Barcelone au parc des Princes mercredi soir. C’est un fait que personne ne peut contester.
Si j’affirme que cette Carte Blanche frôle le génie, c’est une non information tellement ça coule de sources.
Seulement voilà, j’ai interrogé des journalistes sur leur définition du journalisme. L’une m’a répondu que c’est scruter le réel. Un autre, Guillaume, pour bien citer mes sources, m’a dit que pour lui le journalisme c’est « (…) être subjectif sans être malhonnête… mais c’est avant tout être payé pour être curieux 

Qu’en conclure ?
J’en conclus que si le journalisme repose sur des faits et qu’il consiste à scruter le réel et être subjectif sans être malhonnête, peut-être que la plus grande journaliste du XXème siècle c’est Anne Frank dont le journal écrit dans la clandestinité de sa petite chambre est un modèle du genre. Elle n’était pas journaliste mais il n’en demeure pas moins qu’elle a su scruter le réel avec candeur sans se départir du monde extérieur le tout en pleine propagande nazi.
Elle a appliqué à la lettre la définition du journalisme d’Hubert Beuve-Mery, fondateur du journal Le Monde : 

« Le journalisme, c’est le contact et la distance ».

Chère Libé

Hier soir en découvrant ta Une, je me dois de t’avouer que j’étais troublé. J’y voyais un chapelet avec 7 dizaines et cette inscription centrale : « Au secours, Jésus revient » !
Je dois t’avouer que je n’ai pas tout de suite compris qu’il s’agissait de toi, Libé, mais plutôt de France Catholique, de Famille Chrétienne ou de Pèlerin appelant à une parousie céleste. Mais non c’était bien de toi dont il s’agissait. Cela ne m’étonne aucunement parce que depuis quelques semaines, tu as du mal à cacher ton amour pour l’Eglise après avoir remercié les évêques. Cette fois ci tu exprimais tes craintes de voir Jésus revenir.

Je n’ai pas pu croire que c’était la récupération du Christ dans cette primaire ouverte qui t’inquiétait. Car oui, Libé, tu le sais bien il n’y a aucune chance que Jésus se présente à cette primaire. D’une part parce que le premier tour a déjà eu lieu et surtout parce que Jésus (pour les cathos) est le roi de l’univers. A ce titre je ne crois pas qu’il ait une volonté farouche de revenir sur terre pour être le candidat de la droite et du centre en juin prochain. Il a mieux à faire dans son royaume qui n’est pas de ce monde.

Juste une chose. Le chapelet c’est 5 dizaines et non pas 7. Je comprends que ta crainte t’incite à prier avec encore plus d’ardeur mais il faut être raisonnable. Après je ne t’en veux pas. Peut-être as tu fais une confusion avec l’album « Les 7 Boules de Crystal » dont tu vantes toujours dans cette Une l’exposition Hergé qui est plus que réussie.

Pour moi, voir 7 dizaines plutôt que 5 est un mystère douloureux. Tu n’es pas sans savoir que le pape Jean Paul 2 a déjà rajouté les mystères lumineux pendant son pontificat. Le Rosaire est beaucoup plus long maintenant. Donc, vraiment par solidarité, a défaut de charité, n’ajoute pas de dizaines à tout va.

Tu sais Libé, il y a une chose aussi qu’il faut savoir, c’est que l’utilité du chapelet n’est pas de nous alarmer sur le retour du Christ mais plutôt de préparer son retour.

En parlant de son retour, il y a vrai soucis. Dieu refuse de communiquer sur la date prévue. Même Jésus ne connaît ni le jour, ni l’heure, c’est peu dire que si l’un de vos grands reporters parvenait à décrocher ce scoop, je demande qu’il reçoive sur le champ le prix Albert Londres, mais je pense que c’est peine perdue.

J’espère que t’es plus serein maintenant. En tout cas, grâce à toi, des milliers de personnes qui n’ont pas ton niveau catéchétique vont pouvoir différencier un chapelet d’un collier ce qui est déjà une œuvre de nouvelle évangélisation. Je suis convaincu que Jean Paul Sartre là où il est, jubile à cette idée et qu’il a du mal trouver Les Mots. 

Merci pour tout !

PS : J’espère que ce chapelet a été béni au préalable ?

 

*NB : J’ai décidé de m’adresser à la rédaction de Libé, ce qui explique le féminin. 

Carte Blanche 13/10/2016 Ambition Intime : Une émission de fond … de teint

 Ambition Intime : Une émission de fond de  teint

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Alors que le débat opposant Donald Trump à Hillary Clinton à Saint Louis tournait au pugilat, M6 diffusait sa nouvelle émission Ambition Intime. Utile cette émission ?

La petite chaîne qui monte est toujours intarissable pour proposer des idées géniales qui viennent en aide à la ménagère. Vous êtes parents et l’autorité et vous ça fait deux, Super Nanny s’emploie à ce que votre progéniture file droit. Vous n’avez pas le temps de trouver un appartement ? Stéphane Plaza s’en charge à votre place. Ambition Intime est de la même veine, vous êtes candidats et la politique ne vous donne pas le temps de montrer vos émotions et votre humanité, qui mieux que l’animatrice de L’amour est dans le pré pour relancer votre campagne.

Opération séduction ou moment de vérité ?

Victor Hugo disait : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface ». Ne pouvant croire que cette émission en était dépourvue. J’ai donc écouté attentivement les candidats pour tenter de comprendre ce qu’il y avait derrière. D’abord Karine Le Marchand a montré des documents qui ont eu l’effet d’une bombe à Nicolas Sarkozy. Des lettres mais pas n’importe lesquelles : celles qu’il a envoyé à ses enfants quand ils étaient petits et que ces derniers ont conservées. Il a aussi dit a quel point il prenait du recul et combien aujourd’hui il était apaisé. La France apaisée qui est dois-je le rappeler le slogan de … Marine Le Pen ! Elle y était elle aussi et comme le manoir de son père, elle Montretout jusqu’au au plus intime. Je veux bien sûr parler des secrets de son far aux pruneaux qu’elle apprécie pas trop cuit ! C’est quand même Capital de le savoir puisque selon elle, son image trop dure lui fait défaut et révéler qu’elle cuisine le far avec dextérité la rend incontestablement moins diabolique. Elle a aussi publiquement révélé son amour pour les fleurs. Ce qui est très important car comme vous le savez, l’important c’est la rose. En parlant de rose, le socialiste Arnaud Montebourg s’est revu avec émotion à l’époque bénie où jeune il collait des affiches en sillonnant la Bourgogne en compagnie de son berger allemand Hubu qui dit-il « jappait pacifiquement » à côté de lui. Peut-être voulait-il nous assurer si il en était besoin qu’avec lui le couple franco-allemand sera pacifié. Le candidat à la primaire à gauche a dit, sans rire, que la peopolisation c’est de la diversion.

Enfin Bruno Le Maire a pu montrer son visage de Punk. Car oui le fait d’être né à Neuilly, d’être diplômé de Normal Sup, de Science Po et de l’ENA (qu’il supprimera une fois élu) ne l’empêche pas de rire à gorge déployée devant l’humour très français de OSS 117 et de trouver qu’une maison sans bordel est très ennuyeuse. Avec ça si Nuit Debout n’appelle pas à voter en masse pour lui, c’est que j’ai rien compris à la politique !

Est ce qu’il y a du fond dans ce genre d’émission ?

Oui il y a du fond mais du fond de teint. L’image et l’émotion c’est le mantra des politiques et ça en devient lénifiant ! Naturellement, c’est important de connaître la personnalité et le parcours parfois vraiment émouvant des candidats et que pour parler du fond il faut y mettre les formes. Entre le débat américain à Saint Louis qui sentait la poudre et Ambition Intime qui est de la poudre aux yeux, les français, eux, risquent de prendre la poudre d’escampette. Ce soir, les candidats à la primaire de la droite et du centre débattront pour la première fois. Peut-être évoqueront-ils le fond, les idées, les projets sans nécessairement faire parler la poudre … Bref qu’ils parlent du fond sans toucher le fond, c’est qui n’est pas une formalité !