Cet été, deux voix ont crié dans le désert. Deux sujets différents, deux personnes que tout oppose et pourtant qui ont deux points communs, le même patronyme (ce qui est un détail) et un amour immodéré pour les lieux communs et la démagogie.
C'est Patrick Montel qui a dégainé le premier. Pendant les championnats du monde d'athlétisme de Londres, le commentateur de France Télévision a fait part de sa sidération devant le montant astronomique de la clause libératoire de Neymar. Voilà ce qu'il a déclaré :
«Au niveau économique, au niveau fiscal, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, il y en a qui vont se remplir les poches, tout va bien. Au niveau de la morale, de la philosophie… Moi j'en ai une autre. Aujourd'hui un joueur de football gagne autant que ça. Il a du talent, il est génial, tout ce que tu veux mais trop c'est trop. Que le mec qui a découvert aujourd'hui le vaccin du sida et qui va sauver des millions de vies gagne que dalle par rapport à ça…».
Rappelons à l'ami Patrick Montel que les salaires colossaux des footballeurs ne datent pas d'hier. Ils répondent à une loi : celle de l'offre et de la demande. En outre, Neymar, comme les autres nababs du ballon rond, gagne beaucoup plus par ses contrats publicitaires que par la virtuosité de ses dribbles.
Rappelons à l'ami Patrick Montel, que les 222 millions d'Euros avancés par la presse ne correspondent pas au salaire de Neymar mais au montant de son transfert. Certes son salaire est hors-norme, mais rassurez-vous, il me semble que les dirigeants du PSG devraient vite s'y retrouver. Rappelons enfin à l'ami Patrick Montel que le vaccin contre le sida n'a toujours pas été découvert. Peut-être que Neymar après sa carrière va changer de domaine et s'y employer, ainsi Patrick Montel s'y retrouvera moralement et philosophiquement.
L'inanité de son indignation a beaucoup fait rire sur les réseaux sociaux mais elle aura eu autant d'effet que la triste dernière ligne d'Usain Bolt.
En parlant de ligne droite, voire d'extrême droite, venons en à une autre Montel qui a fait parler d'elle : Sophie Montel. Alors que le pape Francois propose 20 mesures concrètes pour l'aide aux migrants comme des visas temporaires pour ceux qui sont en zone de conflits, voilà que cette volonté a eu le don d'exaspérer la députée européenne qui s'en est pris au souverain pontif avec les mêmes poncifs bien connus. Invité par Jean Michel Aphatie elle a affirmé que "le pape devrait se mêler de son domaine, c'est à dire la spiritualité et rendre à Cesar de qui appartient à Cesar et ne pas se mêler de politique et réfléchir pourquoi les églises se vident" tout en lui redisant "qu'en France aussi il y a des pauvres" et l'incitant à gérér "son troupeau de fidèle". Jean Michel Aphatie lui a rétorqué que le successeur de Pierre en s'exprimant ainsi était dans sa mission spirituelle.
Rappelons que Cesar ne siège plus à Rome depuis que Brutus, son fils indigne l'a poignardé de sang froid. C'était une autre époque, aujourd'hui dans les partis politique on ne tue plus le père.
Rappelons que le Pape a une mission spirituelle et politique. L'évangile est politique. Certes, l'évangile ne peut pas plaire à tout le monde, et même tout dans l'évangile peut ne pas plaire : Aimer son ennemi, tendre l'autre joue, accueillir l'étranger, donner sa vie, mourir à soi-même … c'est La croix et la bannière pour le catholique lambda. Croire sans voir n'est pas aisée non plus, mais le mal des politiques aujourd'hui est de croire sans savoir.
Que les mesures proposées par le pape ne soit pas appropriées et sujettes à débat, c'est possible mais ce que Sophie Montel ignore c'est qu'on ne gère pas un troupeau de 1,3 milliards d'individus comme la circonscription dont elle est élue. Sophie Montel a brillamment fait son entrée dans le club très célèbre des politiques qui donnent des conseils à coté de la plaque au pape mais dont ce dernier n'a jamais entendu parler. Elle souhaite que le pape soit 100% Jésus. Chacun chez soit et les hippopotames seront bien gardés. Elle oublie peut-être que si certaines églises se vident, c'est aussi en raison de la violence aveugle et barbare de Daech qui tuent en Irak et sur les Ramblas.
Patrick Montel en 2015 s'était offusqué que le Brésilien Neymar portât un bandana avec cette inscription : "100% Jesus " après la victoire du Barça en Ligue des Champions. Il avait fait part de son malaise dans un tweet lunaire.
On notera le jeu de mot "irrésistible" du commentateur. Cette invitation de remplacer Jesus par Mahomet est pathétique puisque Neymar n'est … pas musulman. Notons au passage que Patrick Montel ne s'est jamais indigné qu'Hicham El Guerrouj ne remerciât Allah au micro de Nelson Monfort après les magnifiques titres du demi-fondeur marocain. Démagogie mon amour !
Ainsi vont les Montel. Indignation sélective, Coup de gueule dans le vide, pour faire du bruit sur une toile déjà bien abîmée par la bêtise d'anonymes et de trolls.