Le cannabis et Benoit Hamon

Réécoutez ici :

Vous avez scruté pour nous le programme de Benoit Hamon qui propose la légalisation du cannabis. Démago ou visionnaire ?

 La légalisation est une lubie de la gauche. Quand je parle de la gauche, je parle comme on dit d’une certaine gauche, celle dont la présence au second tour est plus qu’incertaine. Elle a un mantra cette gauche : La légalisation du cannabis ! Cette mesure est, disons-le, idéale pour être high dans les sondages auprès d’un électorat assez jeune.
Benoit Hamon a été ministre délégué chargé de l’économie solidaire et de la consommation, c’est peut-être pour cela qu’il veut être économiquement solidaire de cette consommation …

 Dans l’Etat du Colorado, où le cannabis est dépénalisé, la délinquance en rapport avec la marijuana a chuté ? 

C’est bien connu, l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. En effet c’est juste de le dire que la délinquance en lien avec cette drogue prétendue douce à clairement baissé. C’est l’argument choc de Benoit Hamon pour couper le shit sous le pied des dealers car cela mettrait fin à une vaste démagogie et un traffic qui cause la mort de trop de jeunes tous les ans.

 Un bon argument ?

 A partir du moment où une drogue est légalisée, la délinquance liée à cette même drogue n’en est plus une. C’est une lapalissade. De plus, c’est une gageure de faire de la légalisation du cannabis un outil de lutte contre la délinquance parce que les dealers ont plus d’une drogue dans leur besace.

Benoit Hamon explique que ce serait aussi un moyen de prévention ? 

 Mieux vaut prévenir que guérir. Au passage Benoit Hamon précise que seul le cannabis de meilleur qualité serait légal. Il veut l’excellence d’une certaine façon. S’il veut en faire de la prévention il faudrait dans ce cas qu’on aille encore plus loin dans l’outrance en faisant des classes vertes dans les salles de shoots pour que les collégiens soient dégoûtés ad vitam des piqûres. J’imagine la scène.
« Les enfants, aujourd’hui nous allons visiter une fabrique d’héroïne régulée par l’état, alors on peut en consommer mais avec parcimonie. Vous ne savez pas ce que veut dire parcimonie ? N’abusez pas de tout ce qui est là. C’est là juste pour vous dissuader   ! « 

 Qu’est-ce qu’on peut faire pour prévenir des méfaits de la drogue ? 

 Dans une société relativiste, il serait de bon ton que ceux qui aspirent à nous représenter promeuvent l’éducatif plutôt que le récréatif. Car c’est certainement pas en se défonçant qu’un jeune se construit. Rappelons que le cannabis tue. Pour ce qui est des consommateurs, ni la légalisation, ni la répression n’est la solution. Je ne prétend pas l’avoir mais je suis sûr qu’en cherchant bien Benoit Hamon trouvera une meilleure substance pour combler d’espérance le vide des jeunes qui ont la drogue pour héroïne ! 

Une réflexion sur “Le cannabis et Benoit Hamon

  1. Bonjour,

    Avant tout, je ne connais ni votre blog, ni vos convictions politiques. Je suis tombé dessus par hasard en faisant des recherches sur Benoît Hamon.

    Me concernant, sachez seulement que je ne me revendique d’aucun courant politique. J’essaye simplement de me forger une représentation de notre société la plus objective possible et d’en comprendre ses mécanismes.

    Pour saisir au mieux ma prose, il vous sera également nécessaire de savoir que je suis consommateur de cannabis régulier depuis maintenant 7 ans et fais parti des 1,4 millions de Français consommateurs réguliers. Je vais donc parler d’un produit qui fait parti de mon quotidien et d’une partie de mes expériences personnelles. Je n’en ferai pas l’apologie, je ne pense pas que le cannabis soit le remède contre tous les maux de la société, qu’on s’entende bien là-dessus. Mais en vous lisant, j’ai ressenti le besoin de vous apporter mon point de vue tant nos opinions sur le sujet sont diamétralement opposées.

    Ceci étant mis au clair, je vais développer mes idées de manière plus ou moins ordonnées en m’efforçant de suivre le fil de votre article.

    Concernant l’addiction, je pense qu’on prend le problème à l’envers.

    Bruce Alexander, dans les années 70, l’a démontré dans une série d’expérimentations :

    Dans la configuration classique, la souris est seule, dans une petite cage vide avec pour exception 2 réservoirs : l’un contenant de l’eau pure et l’autre de l’eau mélangée à de la cocaïne. Une fois que la souris aura goûté à la cocaïne, on observe avec le temps que la souris consommera de la cocaïne jusqu’à ce que mort s’en suive. Dans ce contexte, on comprend que la cocaïne est une substance addictive et mortelle.

    Dans la configuration de Bruce Alexander, la cage n’est pas vide, est plus grande, contient des jeux ainsi que d’autres souris (amis et partenaires sexuels potentiels) et toujours les 2 réservoirs : eau et eau+cocaïne. Ici, on s’aperçoit que les souris consomment toujours de la cocaïne mais à des doses modérées, suffisamment pour avoir les effets mais pas suffisamment pour atteindre des doses létales. C’est là qu’on comprend que l’inverse de l’addiction n’est pas la sobriété mais que c’est la connexion (sous entendue sociale).

    Il y a même eu un test à l’échelle humaine : la guerre du Vietnam. 20% des troupes américaines consommait de l’héroïne, le contexte de guerre pourrait être comparé à la première cage : l’homme est seul, loin de sa famille, loin de toute connexion. Pourtant, lors de leur retour au pays, il n’y a pas eu d’épidémie d’héroïnomane, il ne restait que 5% des consommateurs du Vietnam encore accroc. Cette situation est comparable à la deuxième cage : les hommes ont retrouvé leur famille, leurs distractions, tout ce qui fait leur connexion sociale.

    C’est là tout le problème de notre société. On considère le consommateur comme un criminel et plutôt que de l’aider à se reconnecter, on l’enferme et l’exclu. Il y a tout un paradigme à réécrire concernant l’addiction.

    Vous écrivez que, je cite « Cette mesure est, disons-le, idéale pour être high dans les sondages auprès d’un électorat assez jeune. » et il serait naïf d’affirmer le contraire. A nuancer cependant, la légalisation ou la dépénalisation du cannabis ne s’arrête pas au simple jeu de séduction de l’électorat. Il y a beaucoup plus d’enjeux que ça et venons-en. Au même titre que la prohibition des Etats-Unis de 1919 à 1933, la guerre du cannabis est un échec. Les interpellations pour détention de cannabis ont doublé de 2006 à 2010 et pourtant la consommation est toujours stable et pire, elle est en augmentation chez les jeunes de 13 à 18 ans. La légalisation permet de contrôler le produit et de faire en sorte qu’il n’atterrisse pas dans les mains de mineurs, tout comme l’alcool.

    Je vous cite « S’il veut en faire de la prévention il faudrait dans ce cas qu’on aille encore plus loin dans l’outrance en faisant des classes vertes dans les salles de shoots pour que les collégiens soient dégoûtés ad vitam des piqûres. J’imagine la scène. » Or, justement, faisons une fois de plus la parallèle avec l’alcool, existe-t-il des classes vertes dans des cellules de dégrisement ou dans des beuveries ? Pas à ma connaissance… Vous induisez implicitement également l’existence de la « Théorie de l’escalier des drogues », théorie qui n’a à ce jour pas encore été démontrée. Vous me rétorquerez que la plupart des héroïnomanes ont déjà consommé du cannabis par le passé et vous aurez raison mais où est le lien logique ? C’est aussi pertinent que de dire que la plupart des violeurs aiment le chocolat.

    Vous dites également « Dans une société relativiste, il serait de bon ton que ceux qui aspirent à nous représenter promeuvent l’éducatif plutôt que le récréatif. Car c’est certainement pas en se défonçant qu’un jeune se construit. Rappelons que le cannabis tue. » et je suis parfaitement d’accord avec vos deux premières phrases. Cependant, vous affirmez que le cannabis tue or non, le cannabis ne tue pas. Du moins pas directement. Il n’existe aucun cas d’overdose de cannabis référencée à ce jour et pour cause, il faudrait absorber plus de 500Kg de matière végétale en une quinzaine de minutes. Autant dire que même le consommateur le plus acharné n’y arrivera jamais.

    Mais outre tout ça, le cannabis est une véritable aubaine économique et à tous les niveaux. L’argent de la lutte contre le cannabis serait injecté dans d’autres projets (568 millions d’euros annuel), les taxes sur le produit permettrait de renflouer les caisses de l’état et il permettrait de relancer certaines industries, d’en créer de nouvelles et de relancer l’agriculture.

    Je suis conscient que tout est un peu décousu mais le texte est déjà long et je ne peux que féliciter celui ou celle qui le lira dans sa totalité.

    Sources :
    http://tnova.fr/system/contents/files/000/001/241/original/04102016_-_Contr%C3%B4ler_le_march__l_galis__du_cannabis_en_France.pdf?1475567422
    http://druglibrary.org/schaffer/library/mj_overdose.htm

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